Le tueur du Marocain Adil Dghoughi dans la ville de Martindale au Texas, Etats-Unis, a été arrêté vendredi puis libéré sous caution, a rapporté le journal américain en ligne le Daily Beast.
« Terry Turner, un homme de 65 ans qui, selon la police, a abattu Adil Dghoughi, 31 ans, le 11 octobre à Martindale, au Texas, a été arrêté et accusé de meurtre », a indiqué le média, ajoutant que le mis en cause a été libéré sous caution en moins de deux heures.
Selon le bureau du shérif du comté de Caldwell, un mandat d’arrêt contre Turner a été émis jeudi pour le meurtre de Dghoughi. Vendredi matin, Turner s’est rendu à la police.
Le procureur du comté de Caldwell, Fred Weber, a indiqué au Daily Beast que Turner était accusé de meurtre, mais qu’il appartiendra à un grand jury de décider s’il faut l’inculper.
Selon le bureau du shérif du comté de Caldwell, Turner a tiré sur Dghoughi, qui vivait aux États-Unis depuis plus d’une dizaine d’années, après avoir trouvé « suspecte » sa voiture garée devant son allée, le 11 octobre.
Selon la même source, lorsque les enquêteurs étaient arrivés chez Turner à 4 heures du matin, le 11 octobre, ils ont trouvé Dghoughi blessé par balle à la tête et sa voiture garée au bout de l’allée.
+ Turner a fait savoir qu’il avait frappé à la fenêtre deux fois avec son arme avant de tirer +
Turner a déclaré aux enquêteurs qu’il s’était levé pour aller à sa salle de bain et qu’en traversant le salon et le hall de sa maison, il a ouvert sa porte d’entrée et a découvert la voiture de Dghoughi avec les phares éteints garée dans l’allée. Il a ajouté qu’il a ensuite couru dans sa chambre, pris son arme à feu et qu’au moment où il est sorti dehors Dghoughi a allumé les phares de sa voiture.
Il a précisé que la voiture avait commencé à faire marche arrière rapidement et qu’il l’a poursuivie. Au bout de l’allée, alors qu’il se trouvait à côté de la fenêtre du côté conducteur, Turner a fait savoir qu’il avait frappé à la fenêtre deux fois avec son arme avant de tirer. Il est ensuite rentré chez lui et a appelé le 911 (numéro de la police) pour leur dire qu’il venait de tuer « un gars ».
« Il a pointé une arme sur moi et j’ai tiré », a déclaré Turner aux enquêteurs alors que ces derniers n’ont trouvé aucune arme à feu dans la voiture de Dghoughi.
Sarah Todd, la campagne de Dghoughi, a indiqué au Daily Beast qu’elle était horrifiée par les déclarations de Turner. « Si vous ne l’aviez pas pourchassé, rien de tout cela ne serait arrivé », a-t-elle affirmé, ajoutant que « Adil courait pour sa vie et il avait peur ».
Elle a souligné que, selon les aveux même de Turner, Dghoughi n’est jamais sorti de sa voiture ni n’a affronté son meurtrier lors de leur rapide interaction.
Todd a également démenti que Dghoughi avait une arme à feu, relevant que Turner tente uniquement de justifier son acte.
Avant l’arrestation de Turner, les proches de Dghoughi, dont Todd, ont exprimé leur indignation pour le fait que Turner n’avait pas été arrêté plus d’une semaine après le meurtre. Ils ont également exprimé leur inquiétude quant au fait que des lois au Texas comme « Stand-Your-Ground » (défend ton territoire) pourraient être invoquées et entraver leurs appels à la justice.
+ Un test aux limites de la loi Stand Your Ground +
Tôt vendredi matin, Todd a déclaré au Daily Beast que l’arrestation de Turner l’avait réconfortée, un sentiment qui a changé dans la soirée après avoir appris que Turner a été libéré en moins de deux heures.
« C’est fou qu’ils laissent ce gars sortir sous caution, il avait pourchassé une personne et l’a assassinée dans la rue. Comment diable peut-il être libéré sous caution ? Il est une menace pour toute la communauté », a déclaré Todd.
Selon le Daily Beast, plus de 27.000 dollars ont été collectés pour aider la famille de Dghoughi à engager un avocat et un enquêteur privé. Des groupes comme la section d’Austin du Council on American-Islamic Relations ont répondu aux appels de la famille et ont plaidé pour une enquête indépendante sur l’assassinat.
Mehdi Cherkaoui, avocat de la famille Dghoughi, a déclaré au Daily Beast que l’arrestation du tueur aurait dû avoir lieu il y a 11 jours.
« Cette affaire, comme beaucoup d’autres avant elle, va constituer un test aux limites de la loi Stand Your Ground », a déclaré Cherkaoui, une loi qui peut aller « jusqu’à permettre à quelqu’un de prendre la vie de quelqu’un d’autre qui ne représente absolument aucune menace pour lui. »
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