— Une opposition « désorganisée et inefficace »
Lors d’une interview, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a exprimé son regret face à la fragmentation de l’opposition parlementaire. Selon lui, malgré les outils constitutionnels dont elle dispose, l’opposition n’a pas su coordonner ses actions, notamment sur des textes aussi importants que le projet de réforme du code de procédure civile.
« Même les forces de gauche n’ont pas pu, humainement parlant, s’unir pour former une véritable force politique », affirme-t-il, lors cet entretien avec le site arabophone Hespress.
Les critiques ? “Une ritournelle sans fondement”
Interrogé sur les attaques récurrentes contre le gouvernement, accusé de ne pas appliquer son programme, Ouahbi rappelle que les mêmes reproches avaient été adressés au gouvernement précédent, dirigé par Saad Dine El Otmani.
Il pointe une image « figée » de la fonction de chef de gouvernement, forgée selon lui par Abdelilah Benkirane, qu’il accuse d’avoir imposé une lecture populiste de la fonction.
Mariage et femmes : “Je ne partage pas les propos de Benkirane”
Réagissant à la récente déclaration d’Abdelilah Benkirane (PJD) appelant les jeunes Marocaines à privilégier le mariage au travail, Ouahbi s’oppose fermement :
« Et quelles garanties pour les femmes, même mariées, au sein du foyer ? Qui leur garantit de ne pas finir à la rue avec leurs enfants en cas de divorce ? »
Malgré leurs divergences, Ouahbi dit entretenir avec Benkirane une relation faite de respect mutuel, mais marquée par des désaccords profonds :
« Il fait de moi un outil politique. »
Réservé sur la scène partisane
Concernant son propre positionnement au sein du PAM (Parti Authenticité et Modernité), l’ancien secrétaire général affirme :
« Je travaille et je débats en interne, mais je m’abstiens de m’exprimer publiquement au nom du parti, par respect pour ses instances dirigeantes. »
2026 en ligne de mire : des “échauffements” au sein de la majorité
En vue des élections législatives à venir, Ouahbi note que les tensions au sein de la coalition gouvernementale ne sont pour l’instant que des frémissements, pas encore une véritable bataille pour la tête du gouvernement :
« Les partis ne se battent plus uniquement pour des sièges, mais pour la direction du gouvernement. »
Il reconnaît toutefois un certain épuisement politique, sans pour autant confirmer ou infirmer sa candidature à un futur mandat parlementaire.
Migration : “Donner l’exemple avant de demander”
Sur les tensions récentes liées aux migrants subsahariens au Maroc, Ouahbi insiste sur la responsabilité de l’État, notamment à travers l’accueil digne des enfants et des femmes africaines, soulignant que ce traitement conditionne aussi celui réservé aux migrants marocains à l’étranger :
« Lorsqu’on me demande à l’étranger : “Que faites-vous pour vos propres migrants ?”, je dois pouvoir répondre par l’exemple. »
Détention à l’étranger : vers des accords de rapatriement
Le ministre a annoncé l’existence de négociations en cours avec plusieurs pays, notamment l’Arabie saoudite, le Soudan et l’Irak, pour le rapatriement des Marocains détenus à l’étranger.
Concernant les Marocains en Syrie, Ouahbi qualifie le dossier de très complexe, traité au cas par cas.
Une visite du ministre irakien de la Justice est prévue prochainement au Maroc pour la signature d’un accord bilatéral de transfert de détenus