II arrive que la raison se manifeste d’abord chez les autres. La semaine dernière, après d’intenses polémiques, nos voisins anglo-saxons ont décidé de ne plus prescrire de traitements hormonaux aux enfants mineurs qui souhaitent changer de sexe, après qu’un rapport indépendant a mis en évidence le manque de données quant à la sécurité des produits.
Ils ne sont pas les seuls : les Suédois, autrefois pionniers de la « déconstruction de genre», se mordent les doigts, les Norvégiens et les Danois font machine arrière, les Allemands, les Suisses, les Espagnols reviennent sur leurs pas.
Partout, les experts, lorsqu’ils veulent bien se pencher sur la question, dénoncent des pratiques médicales inappropriées, incertaines et dangereuses. La lecture de leurs recommandations révèle, en creux, l’impensable permissivité qui a prévalu jusqu’ici en pédiatrie.
Perdus dans les dédales de la grande mythologie du « genre » imaginée par les adultes, de jeunes corps meurtris demandent aujourd’hui réparation.
Ce qui frappe, devant ce triste tableau, c’est la fulgurance du phénomène : en quelques années, la question de la « transition», marginale au début du nouveau siècle, n’a cessé d’augmenter chez les enfants et les adolescents (mais pas chez les adultes), nourrie par un arsenal de propositions expérimentales qui ne cessent d’interroger, ou plutôt d’indigner.
Mais ce qui frappe plus encore, c’est l’évanouissement du discernement des adultes, qui, comme hypnotisés par les sirènes du wokisme, ou tétanisés par ses injonctions totalitaires, ont confondu ressenti et diagnostic, souffrances et droits, écoute et protection… jusqu’à perdre de vue le principe élémentaire du soin selon Hippocrate: au moins, « ne pas nuire ».
À dessein, les sénateurs, qui, enfin, en France, ont salutairement entrepris de légiférer, ont pris soin de distinguer la « transidentité» de la « transidentification » ; manière de souligner l’emprise de l’idéologie et les ravages de l’activisme de militants experts en lobbying.
Car il ne faut pas s’y tromper : dissimulés derrière la souffrance des adolescents, les conspirateurs de l’indifférenciation, qui voudraient en finir avec l’altérité des sexes, poursuivent leur vaine guerre contre le réel. (Le Figaro)
Article19.ma