Bras-de-fer – Erdogan menace d’expulser dix ambassadeurs pour avoir appelé à la libération de l’opposant Kavala

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé samedi avoir ordonné à son ministère des Affaires étrangères de déclarer “personae non grata” dix ambassadeurs, dont les représentants de la France, des Etats Unis et de l’Allemagne, qui ont appelé cette semaine à la libération immédiate de l’opposant et homme d’affaires Osman Kavala.

Sont également concernés les représentants du Canada, du Danemark, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la Nouvelle-Zélande.

Selon les agences de presse, Reuters et AFP, les ambassadeurs de ces pays ont été convoqués mardi par le ministère turc des affaires étrangères après avoir relayé un appel à un règlement équitable et rapide de “l’affaire Kavala” qui “jette une ombre sur le respect de la démocratie”.

“J’ai donné l’ordre nécessaire à notre ministre des Affaires étrangères et dit ce qui devait être fait: ces 10 ambassadeurs doivent être déclarés personae non grata sur le champ. Vous allez régler ça immédiatement”, a dit Recep Tayyip Erdogan dans un discours à Eskisehir, dans le nord-ouest de la Turquie.

Le président turc avait déclaré jeudi que les ambassadeurs réclamant la libération de l’homme d’affaires ne demanderaient pas celle de “bandits, d’assassins et de terroristes” dans leur propre pays.

Âgé de 64 ans, Osman Kavala, opposant et figure majeure de la société civile, est détenu sans condamnation depuis fin 2017. Il est accusé depuis 2013 par le régime du président Erdogan de chercher à déstabiliser la Turquie. Il est notamment en ligne de mire pour avoir soutenu en 2013 les manifestations antigouvernementales connues sous le nom de mouvement de Gezi. Puis il a été accusé d’avoir cherché à « renverser le gouvernement » lors de la tentative de coup d’État de 2016.

Osman Kavala, qui a toujours nié les charges pesant contre lui, restera en prison au moins jusqu’au 26 novembre, date de la prochaine audience judiciaire le concernant, selon la décision d’un tribunal d’Istanbul.

En 2019, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a estimé que la détention de l’homme d’affaires ne reposait sur aucune preuve et avait un caractère politique. Elle a réclamé sa libération immédiate, une décision ignorée par la Turquie.

Le Conseil de l’Europe a récemment menacé la Turquie de sanctions, qui pourront être adoptées lors de sa prochaine session (30 novembre au 2 décembre) si l’opposant n’est pas libéré d’ici là.

Dans une déclaration écrite, Osman Kavala a jugé vendredi que cela n’aurait “aucun sens” pour lui d’assister à son futur procès en raison de l’impossibilité d’obtenir une procédure équitable à la suite des récentes déclarations de Recep Tayyip Erdogan.

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