Données personnelles: Des abus dans l’e-commerce

Le torchon brûle entre la Commission nationale de contrôle et de protection des données personnelles et la Fédération nationale du e-commerce au Maroc.

Les opérateurs contestent «un acharnement» du gendarme des données personnelles sur leur secteur. Pour eux, le nombre de plaintes déposées contre les opérateurs du e-commerce est surdimensionné par rapport à la taille totale du secteur, «sans que cela ait d’impact réel sur la protection des données personnelles», estime El Amine Sarhani Idrissi, président de la Fédération.

Pour lui, le secteur est présenté comme un bouc émissaire alors que «le combat est ailleurs». «Pendant qu’il est penché sur l’e-commerce, le marché noir des données, lui, prospère.
Les entreprises qui commercialisent des informations personnelles ne se cachent plus pour opérer. Certaines font même des publicités dans les journaux, sans que leur activité ne soit menacée», conteste-t-il.
La CNDP ne s’attaque pas non plus aux fournisseurs de ce marché noir, insiste Sarhani. Le président de la Fédération accuse des «employés d’opérateurs télécom et de banques bénéficiant d’un accès intégral aux bases de données de leurs entreprises de les vendre au plus offrant».  Il propose que la Commission exige la mise à niveau de la sécurité des données personnelles dans ces entreprises et de lancer une traçabilité sur ces données pour connaître qui y a accès et qui les manipule. Cela devrait être valable également pour les entreprises ou les agences publiques telles que la CNSS ou l’Ompic dont les systèmes de sécurité peuvent être facilement piratés.
Pendant que Google ou Facebook croulent sous les poursuites judiciaires partout dans le monde, surtout en Europe, pour leurs violations des  données personnelles de leurs usagers, au Maroc les choses sont différentes. Ces géants n’apparaissent toujours pas dans les radars de la CNDP alors qu’elles exploitent sereinement les données personnelles de leurs usagers, regrette-t-on à la FNEM. «D’ailleurs, s’il n’y a pas d’interventions, l’e-commerce marocain sera à leur merci puisqu’ils seront les seuls à avoir l’accès à notre population sur Internet», déclare Sarhani. En même temps, contrairement aux Américains ou aux Européens, les Marocains ne peuvent toujours pas obtenir la suppression de leurs données personnelles de Facebook ou Google.
La protection des informations personnelles se renforcerait également si l’Etat encourage l’émergence d’un moteur de recherches marocain. «Techniquement, une plateforme pareille n’est pas une chose compliquée à faire. Si l’Etat contribue à sa promotion et son utilisation par les Marocains», explique Sarhani. Cela devrait, en théorie, résoudre un grand nombre de problèmes dont notamment le contrôle des données des Marocains, mais également dynamiser le trafic de data au niveau local.

 

L’économiste/Article19.ma