Samir-Questions

Les joutes financières continuent entre l’Etat et Corral, le propriétaire de référence de la Samir. Le mot «joute» est trop faible pour donner  une bonne idée de la taille de la bagarre puisqu’on joue plusieurs milliards de dirhams à chaque coup. Pourtant, il s’agit bien de savoir qui aura le dernier mot, qui aura la tête assez froide pour tenir le plus longtemps.
Toutefois la question n’est pas là du tout.
Une fois que l’un des deux aura gagné, une fois qu’on sera passé à la table des négociations financières, que restera-t-il dans le fond? Rien que des dettes supplémentaires à faire payer par les contribuables. Sans compter qu’au passage, on aura créé un risque additionnel de fragilisation des banques. Or, elles ont déjà sur les bras l’immobilier et des retards de paiement de l’Etat.
Quand la Samir a été construite, puis quand elle a été nationalisée, puis privatisée, l’idée était qu’une raffinerie constituait un outil stratégique, un instrument de sécurité.
Aujourd’hui sommes-nous toujours dans ce même contexte? Pas sûr, pas sûr du tout.
La configuration mondiale des énergies fossiles dit autre chose: les acteurs les mieux placés sont ceux qui ont des gisements et ceux qui ont des capacités de stockage sécurisé (politiquement), facilement accessibles et bon marché.  Dans les deux cas, pèse une identique et très forte contrainte: ne pas s’être endetté, ne pas avoir financiarisé les opérations.
Dans cette chaîne de valeur stratégique, raffiner soi-même ou pas, n’a aucune importance. En revanche, il faudra bannir le raffinage s’il doit entraîner des charges financières additionnelles. Toute la filière mondiale tourne au coût marginal. Pourquoi faudrait-il qu’un petit pays pas bien riche, le Maroc, alourdisse ses charges en sortant de la règle commune?
Avant de s’engager, il faut répondre à ces questions publique-ment.
Nadia SALAH/L’économiste
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