Polémique – Biadillah à Hamieddine : « En quoi la monarchie est-elle un obstacle ? » (Vidéo)

L’ex-secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), Mohamed Cheikh Biadillah, a affirmé dans un article que la monarchie est « une nécessité sociétale, un atout et une garantie dans les moments difficiles, un recours en cas de différend et de guide en temps de paix et de guerre ».

Dans un article publié par lakome2, en réponse aux récentes déclarations du PJDiste Abdelali Hamieddine, Biadillah a ajouté que la monarchie n’est pas un accord politique entre un ministre de l’intérieur limogé et un médecin à la retraite, elle a été choisie par les Marocains comme modèle de gouvernance, et ils n’imaginent pas une monarchie dans « un canapé vide ».

Voici, par ailleurs, le texte intégral de l’article de Biadillah :

« Je n’ai pas entendu de la part des plus ignorants et rancuniers des propos sur le Maroc ou sa monarchie, comme ce qu’a déclaré Abdelali Hamieddine… Sans occasion aucune, ni préalable ni arguments introductifs, il estime que « l’institution monarchique, dans sa forme actuelle, constitue un obstacle au progrès et au développement » … Quel progrès ? Et, quel développement ? que la monarchie entrave aujourd’hui, elle qui a été liée aux grands chantiers, aux grands projets de développement, et de l’image du Maroc à l’étranger, que même les ennemis n’oseront nier…

J’aurais voulu entendre la personne concernée, qui appartient à un parti qui dirige le gouvernement depuis plus de sept ans, parler des projets qu’il a annoncés aux Marocains lors de ses campagnes électorales et sur ce qui en a été réalisés ? Et qu’aurait été le sort du Maroc si Dieu ne l’avait pas doté d’une monarchie rayonnante sur le temps stratégique comme l’a dit le professeur Mohamed Tozy ?

La deuxième question à laquelle je ne trouve pas de réponse est que la réunion au cours de laquelle ont été tenus ces propos ambiguës était consacrée, comme il nous a été dit, à restaurer la maison intérieure d’un parti secoué par des différends qui ne sont pas liés, comme annoncés, à des idées et des choix… Que la monarchie, qui constitue une constance constitutionnelle, un symbole de l’unité de l’Etat et sa continuité, soit mêlée à des disputes et des surenchères entre des faucons, des colombes et d’autres oiseaux vautours et gentils, cache quelque chose. Cela me rappelle ce que j’avais écrit une fois sur « la taqîa » (dissimulation pratiquée par les islamistes), une attitude liée à ce parti et à ses membres. J’ai toujours essayé de croire que nos « islamistes marocains » étaient différents de leurs pairs dans d’autres expériences… Qu’ils ne croient pas que « l’Islam est la solution », ni au rêve de la « Khilafa », ni de « Dar Al Islam » … On m’a souvent répondu que les islamistes, dans la diversité de leurs orientations et courants, cachent leur projet originel, qu’ils s’accommodent de la démocratie comme un moyen seulement pour arriver au pouvoir, et qu’ils ne croient pas en son essence ou en sa portée …

Qu’est-ce qui entrave les islamistes aujourd’hui dans le modèle actuel de la monarchie ? Je ne veux pas mentionner ici le développement constitutionnel de la monarchie marocaine, tant le communiqué du journaliste Younes Dafiqir me suffit, ni répondre aux inexactitudes théoriques avancées sur l’histoire de l’évolution de la monarchie au Maroc, comme l’a racontée Hamieddine, car Abdellatif Aknouch lui a déjà répondu sur un poste à ce sujet …

Mais par contre, je voudrais clarifier ce qui inquiète les islamistes et ce qu’ils ont découvert après leur arrivée au pouvoir, et ce qui freine leurs ambitions pour l’autocratie. Ils ont découvert que les sièges du parlement n’y suffisent pas à eux seuls, bien que le gouvernement émane du parlement et que ce dernier monopolise la législation … Ils se sont rendus compte que la voie conduisant à « la victoire » était protégée par la monarchie, car la monarchie au Maroc joue trois rôles qu’aucun parti, même avec sa référence à la religion, ne peut remplir, à savoir :

– Que la monarchie est une « nécessité sociétale » au Maroc et non un accord politique entre un ministre de l’intérieur déchu et un médecin retraité, la monarchie a été choisie par les Marocains comme un modèle de gouvernement et n’imaginent pas une monarchie avec « un canapé vide ». Elle constitue une nécessité sociétale, un atout et une garantie dans les moments difficiles, un recours en cas de différend et de guide en temps de paix et de guerre;

– La monarchie monopolise, par conséquent, les outils de la violence légitime, et les Marocains ne font confiance qu’en la monarchie pour superviser l’armée, veiller à la sécurité et à la justice, car elle n’utilise pas ces outils pour une partie contre une autre ;

– La monarchie est un symbole religieux originel, qui veille à un islam modéré contre une interprétation extrémiste de la religion, un islam dont le pouvoir des fatwas est détenu par l’Etat.

C’est pourquoi nous avons le droit de nous rassurer et de nous féliciter, et il est du droit du projet islamiste de s’inquiéter !!!

Hamieddine propose, par ailleurs, la recette pour parvenir à ses dessins en affirmant que « quand nous parlons de réformer le système politique, c’est essentiellement de réformer pacifiquement la monarchie à travers des négociations, et le mandat populaire nous permet de négocier avec le centre du pouvoir, qui est la monarchie ».

Ces propos nécessitent les clarifications suivantes :

-L’auteur de ces propos se défend de vouloir le changement par la violence en affirmant que sa quête de changement ne sera que par la voie pacifique, comme si le parti auquel il appartient était dans l’opposition en exil ou dont les activités sont interdites ou qu’il est dans la clandestinité ou qu’il dispose d’une branche armée des « Chevaliers de la Justice », alors qu’il appartient à un parti qui dirige le gouvernement et dont le secrétaire général siège au conseil des ministres à côté du roi, le chef de l’État;

– La négociation exige l’existence de deux parties pour que le concerné lui-même et son parti en soit la partie unique, comme s’il était tuteur de la communauté ou que nous vivons au temps du parti unique, ou encore comme si la force divine a choisi ce parti pour le khilafa et lui a délégué la responsabilité des négociations ;

– Ces propos sont marqués par ce que les juristes appellent « l’abus de confiance », en ce sens que les voix des citoyennes et des citoyens qui ont voté pour ce parti pour les représenter au parlement et gérer les affaires publiques sont devenues des cartes à utiliser dans la surenchère et le chantage à l’encontre des symboles de l’Etat car ils détiennent un « mandat populaire » … Le mandat populaire, sa taille et son volume ainsi que les circonstances de son obtention, est une autre histoire !

Est-ce qu’après ces propos francs et clairs, ce parti a le droit d’accuser ses rivaux de volonté d’exclusion et d’éradication, ou bien ces qualificatifs ne siéent à lui et ne s’appliquent qu’à lui plus qu’à d’autres ? Nous avons pris l’habitude d’entendre que de telles opinions sont personnelles et n’engagent que leurs auteurs, que les positions du parti concernant le sujet sont connues … De telles réponses ne convainquent même plus les naïfs comme moi. Le parti qui a publié ces déclarations sur son site électronique officiel se doit d’avoir le courage de clarifier son point de vue par rapport à ces propos « putschistes » et nuisibles qui ne nous rassurent pas sur le fait que nous affrontons un groupe lequel, entre nous et lui, il y a la constitution sur laquelle ont voté les Marocains !

Pardon, je n’ai pas lu et je ne lirai pas votre post pour répondre aux réactions qui ont suivi vos propos, car ces derniers n’ont besoin ni d’un rectificatif ni d’une apostille !

https://youtu.be/vPlXTokUmVY

Article19.ma