PRÉVISION – Les élections espagnoles de ce dimanche pourraient peser sur l’avenir des relations entre les deux royaumes

Les décideurs marocains suivront avec beaucoup d’intérêt, ce dimanche, les nouvelles élections législatives en Espagne après que les partis politiques dans ce pays aient échouer jusqu’à maintenant à former un gouvernement de coalition, particulièrement à la suite du succès de Podemos, mené par son leader Pablo Iglesias, un farouche adversaire des intérêts du Maroc et de son unité territoriale, et son alliance avec le parti de la Gauche Unie, dirigé par Alberto Garzon, une alliance devenue la 2ème force politique  en Espagne face à un parti socialiste en perte de vitesse.

Selon les derniers sondages, la carte politique espagnole qui résultera de ces nouvelles élections ne devrait pas connaitre un grand changement par rapport à décembre dernier, à l’exception d’une avancée de l’alliance Podemos-Gauche Unie qui devrait rafler 86 sièges (24,6 pc) alors que le Parti socialiste se contenterait de 80 sièges (21,1 pc) devenant ainsi la 3ème force,  le Parti populaire 122 siège (29,2 pc) en gardant la première place sur l’échiquier politique espagnol, le parti des citoyens 38 sièges (15,3 pc) et le restant des sièges devant revenir à des mouvements régionalistes et indépendantistes.

Au cas où ces prévisions viennent à se réaliser, l’Espagne connaitra un nouveau blocage politique car la majorité absolue nécessite 176 sièges alors qu’aucun scénario d’alliance n’apparait possible entre ces différentes forces, leurs positions étant profondément opposées concernant des questions comme celle sur l’indépendance de la Catalogne.

Pour ce qui est des répercussions de ces élections sur les relations maroco-espagnoles, Nabil Drouich, un observateur assidu de ces relations, a estimé dans une déclaration à alyaoum24 que dans le cas où Podemos remporterait les élections, ce résultat aura un impact négatif, ajoutant que les partisans de ce parti ont à plusieurs occasions manifesté et protesté en Espagne contre les intérêts du Maroc. Son accession à la présidence du gouvernement, qui parait toutefois impossible, ou sa probable position dominante dans l’opposition, serait, dans les deux cas de figure, contraire aux intérêts du Royaume. Et Drouich de regretter que le Maroc n’ait pas tissé des liens avec la gauche radicale espagnole, soulignant l’importance de l’Espagne pour les décideurs marocains, selon le site Alyaoum 24.

Pour sa part, le journaliste espagnol Ignacio Cembrero a estimé impossible la victoire de Podemos lors de ces élections, s’attendant plutôt à ce que ce parti devienne la 2ème force du pays, à ce que le parti socialiste recule à la 3ème place et à ce que le parti populaire garde sa position de leader, souligne le site.

Concernant l’opposition de Podemos aux intérêts du Maroc, il a indiqué que le langage utilisé quand on est dans l’opposition est différent de celui qu’on a lorsqu’on fait  partie d’une majorité gouvernementale. Pour preuve, les socialistes espagnols avaient des divergences avec le Maroc puis ils ont changé leurs positions.

Cembrero a, en outre, relevé que la promesse du leader de Podemos Pablo Iglesias de reconnaitre le polisario ne pourra pas être mise à exécution au cas où ce parti arriverait au gouvernement, soulignant que tout ce qu’il pourrait faire c’est de revenir sur le soutien accordé au Maroc dans la question du Sahara.

De son côté, Mohamed Berrada, professeur à l’Université Mohamed Ben Abdellah de Fès, a indiqué à Akhbar Al Yaoum  que Podemos, aussi bien dans la majorité ou dans l’opposition, représente un grand risque pour les relations entre les deux royaumes et pour la question de l’unité territoriale du Maroc comme l’illustrent ses nombreuses déclarations anti-marocaines.

Cependant, il a estimé improbable que ce parti parvienne à entrer au gouvernement car toutes les autres forces politiques refusent de s’y allier, privilégiant l’hypothèse d’une alliance au gouvernement entre les partis populaire, socialiste et citoyens eu égard à leur souci de préserver l’unité espagnole.

Pour sa part, Drouich estime plus probable de voir émerger une alliance de droite comprenant les partis populaire et citoyens en s’assurant de l’abstention des socialistes en vue de sortir de la crise d’autant que le parti socialiste ne peut s’allier à Podemos, ce dernier soutenant ouvertement les indépendantistes, ajoute le site.