PAROLE D’ARTISTE – « La gauche marocaine est malade et égoïste, » selon Said Al-Maghribi

Said Rebbaj, alias Al-Maghribi est un artiste engagé de première heure, et qui ne fait pas dans la dentelle. Quand il fallait dénoncer les injustices des « années de plomb », il était sur les premières lignes aux côtés de ses camarades.

Mais quand il faut dire les quatre vérités au sein de sa famille politique il n’a pas hésité à les dire haut et fort afin que la critique réveille les consciences hypnotisées par son passage dans les coulisses du Makhzen.

Ce septuagénaire natif de Marrakech, a entamé l’expérience du chant et du théâtre dans la ville de Fès, avant de se réorienter vers la chanson engagée et révolutionnaire. Choix courageux mais qui le poussa à l’exile pendant des années jusqu’à 1999, avec l’avènement du nouveau règne .

Cet entretien accordé à nos collègues de « Akhir Saa », et que notre site +Article19.ma+ a repris et traduit est plus qu’instructif:

Comment trouvez-vous le Maroc d’aujourd’hui en ce qui concerne le domaine des droits de l’homme et la liberté d’expression ?

Il faut reconnaître les efforts engagés par les forces politiques marocaines qui ont contribué à une série de changements, même sous une forme symbolique. Le Maroc est  à son top  sur le plan juridique, il bouge et évolue en dépit du fait que la route est encore longue…

Comment voyez-vous la gauche au Maroc aujourd’hui, et peut-on dire que vous en faites partie ?

Certes, la gauche au Maroc est  malade et  égoïste.  Toute tentative positive qui vise de la sortir de sa léthargie est tout de suite étouffée  par ceux qui profitent de leur position privilégiée au sein de ses instances…Entre parenthèses, prenez l’exemple de Mme Nabila Mounib afin de vous éclaircir l’image.

Vous vous êtes revoltés  vous avez quitté le Maroc et retourné après la grâce royale  mais brillez toujours par votre absence sur la scène médiatique , à la fois dans les médias ou dans les festivals. Est-ce-que vous utilisez cet  absence pour  forcer le silence ?

Je participe à des activités sociales et à des conférences organisées par différents partis… J’ai récemment participé à un festival de la chanson engagée à Al Hoceima, mais je ne sais pas encore la cause de la négligence de mon travail, je ne comprends pas . C’est peut-être à cause mon « passé politique ».  En même temps, il faut noter que notre expérience et notre génération n’ont heureusement pas mis au monde ni des Daechistes ni des criminels mais une génération de militants, de citoyens instruits et efficaces au service de la patrie.

Dernier mot d’un artiste engagé à la jeunesse marocaine d’aujourd’hui?

Je termine cet entretien avec les paroles du Cheikh Imam (l’artiste engagé Egyptien) en 1984 sur mon travail et mon engagement et  que je transmet à mon tour à la jeunesse marocaine : «Laissez le choisir.. il  progressera et évoluera… qui empruntera la bonne voie réussira inévitablement. »

Article19.ma