Mécontents de la réaction du ministre d’Etat chargé des droits de l’homme, Mustapha Ramid, concernant la réouverture du dossier de l’assassinat de l’étudiant Aït El Jid dans lequel serait impliqué Abdelali Hami Eddine, un des dirigeants du Parti justice et développement (PJD), les juges ont vivement dénoncé l’intervention du responsable gouvernemental qui constitue « une atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire et une incitation irresponsable contre la justice ».
Lors d’une conférence de presse, vendredi soir à Casablanca, les représentants de plusieurs associations des juges ont estimé que l’atteinte à l’indépendance de la justice constitue « une ligne rouge à ne pas franchir ».
« De tels propos irresponsables portent atteintes à la réputation du Maroc au niveau international et anéantissent les efforts déployés en matière des droits de l’homme et des libertés », a souligné le président de l’Amicale Hassania des magistrats, le procureur généRâler du roi Abdelhak El Aissi.
+ Une atteinte au pouvoir judiciaire …+
El Aissi, dont les propos ont été rapportés par Hespress, a ajouté que « les auteurs de ces remarques font partie d’institutions constitutionnelles et, partant, doivent assumer leurs responsabilités dans ce domaine », relevant que le contexte actuel et ses défis exigent que « tous les pouvoirs contribuent positivement à la consécration de l’indépendance du pouvoir judiciaire et à son renforcement et ce dans l’intérêt du projet sociétal avancé auquel œuvre SM le roi Mohammed VI ».
Les magistrats ont, par ailleurs, laissé entendre qu’ils présenteront une plainte contre le ministre d’Etat Mustapha Ramid après qu’ils aient saisi le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire en tant qu’institution constitutionnelle chargée de la protection des juges.
Selon Hespress, les juges ont également décidé de constituer une commission mixte chargée de suivre cette affaire qu’ils considèrent comme étant « une atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire et une tentative d’influencer les magistrats ».
En réaction à la réouverture du dossier de l’assassinat de l’étudiant Aït El Jid par le juge d’instruction de la cour d’appel de Fès, Mustapha Ramid avait souligné dans un poste sur Facebook qu’Abdelali Hami Eddine « avait déjà été jugé dans l’affaire du (meurtre de) Benaïssa Aït El Jid en 1993, et condamné, avant d’être innocenté, la Justice ayant requalifié les actes dont il s’était rendu coupable, de « dispute ayant entraîné la mort » », estimant que « l’on ne peut juger la même personne deux fois pour les mêmes faits, une fois qu’un jugement définitif a été prononcé ».