Éclairage – Au Maroc, « les mouvements de protestation se poursuivront encore après les élections de 2021 », selon des chercheurs

Le mouvement de protestation des « Gilets jaunes » en France provoque le débat au Maroc sur la contestation populaire sans toutefois faire de parallèle. Et dans cet ordre d’idées, le chercheur en sociologie Mustapha Yahiaoui a soutenu que les protestations que vit le Maroc « connaitront une recrudescence au cours des années à venir » et « ne s’arrêteront que d’ici 20 ans ».

Toutefois l’analyste n’a pas argumenté sa vision des choses notamment sur le pourquoi de ces deux prochaines décennies plus précisément, note-on.

Intervenant, vendredi, lors d’une rencontre organisée par le mouvement Damir en collaboration avec le centre d’études politiques et de la gouvernance relevant de la faculté de droit de Mohammedia, Yahiaoui a ajouté que les protestations de rue au Maroc se poursuivront au delà des élections de 2021 à cause, selon lui, des « politiques du centre (de décisions) et l’incapacité de l’Etat à assurer les conditions d’un véritable développement et à répondre aux besoins des zones marginalisées ou celles qui souffrent de crises sociales », selon le site arabophone Hespress.

Yahiaoui a souligné par ailleirs que « les vagues de protestations se sont élevé au Maroc en 2017 à plus de 17.000 », estimant que ces mouvements se poursuivront encore tant que « les initiatives de l’Etat restent marquées par des hésitations en ce qui concerne le chantier de la décentralisation ».

+ Les réformes n’ont réussi à calmer la contestation sociale +

Le chercheur a relevé que les nouvelles formes de protestations qu’a connues le Maroc, dont celles d’Al Hoceima, ont fait émerger le concept de « peuple » en remplacement de celui de « communauté (Ouma) » en ce sens que le citoyen commence à revendiquer son droit de bénéficier de la solidarité sociale, estimant que les signes d’une conscience politique collective commence à se faire jour.

Selon Yahiaoui, certains mouvements de protestations sont de nature spontanée liés à des faits imprévus comme le décès de Mohcine Fikri à Al Hoceima ou encore à la ville minière de Jerada, tout en soulignant que les réformes politiques qui ont été menées au Maroc n’ont pas abouti à calmer les contestations, rapporte la même source.

De son côté le directeur du centre d’études politiques et de la gouvernance, Najib Mouhtadi, a relevé que les tensions sociales ont pris « des formes différentes au cours des 20 dernières années », estimant que ces mouvements de protestations constituent « une des expressions démocratiques ».

Mouhtadi a précisé que « le phénomène a connu au Maroc, depuis les années 60 à ce jour, une évolution aux niveaux politiques et juridiques », soulignant que les protestations que connaissent le Maroc et l’Europe font que de tels « mouvements deviennent une donne dont il faut tenir compte », ajoute la même source.

Article19.ma