Hassan Aourid: “La place de la religion doit être repensée”

Smyet bak?

Moulay Mehdi Ben Ali.

Smyetmok?

Fatima Ait Messaad

Nimirou d’la carte?

A 216956

Vous dédiez votre dernier roman au Cintra, le cabaret mythique de Casablanca. Le célèbre chanteur Hassan Sekkat, qui y officie . depuis des décennies, a disparu de la scène avant la publication du livre. La coïncidence est frappante, non?

J’ai appris par la suite qu’il était souffrant. De prime abord, j’ai trouvé le personnage attachant, grand artiste, humaniste. Quinze minutes au Cintra ont suffi pour que me vienne l’idée d’un roman. Un quart d’heure pendant lequel le temps a suspendu son vol et où l’on savoure l’ambiance de Casablanca l’éternelle. Mais, dans le livre, le thème n’est pas tant le cabaret que le théâtre d’une mémoire collective d’un peuple.

Dans votre roman Sirat Himar (Biographie d’un âne), vous assimilez la religion à cet âne dont le pouvoir a besoin pour calmer le peuple. N’avez-vous pas peur de fâcher vos anciens amis?

Chacun est libre de lire le livre à sa façon, mais l’âne, ici, n’est évidem ment qu’une métaphore. Il y est question surtout de l’instrumentalisation politique et la religion peut être instrumentalisée et l’a souvent été. Dans l’orthodoxie de l’islam, il n’y a pas d’intermédiaire entre l’in­dividu et Dieu, et il ne devrait pas exister. A-t-on donc besoin d’inter­cesseurs ou de gloseurs? Le roman ne contient pas que des réflexions politiques mais aussi des enseigne­ments philosophiques.

Dites-le sans fioritures, vous êtes laïque.

Le propre de la pensée est la nuance. Je suis pour la séparation entre la religion et la politique, mais pas entre la religion et l’Etat. Et c’est ce qui est en train de se passer probablement chez nous. L’injonction qui interdit aux imams toute acti­vité politique en est un exemple. Nous devrions forger nos propres concepts pour la sortie de la religion de la sphère publique, pour reprendre un terme cher au philosophe français Marcel Gauchet. La place de la religion doit être repensée, c’est un peu ce que j’ai essayé, modestement, de faire dans mon livre L’impasse de l’islamisme.

Dans une chronique au vitriol à l’adresse de Rachid Niny, vous avez presque prédit l’emprisonnement du journaliste, ce qui a eu lieu quelques mois plus tard. La voyance fait partie de vos talents?

Je ne souhaite pas parler de cet épi­sode. Cette histoire est derrière moi, mais je regrette ce qui est arrivé à M. Niny. Pour ce que vous appelez la voyance, l’intellectuel, selon Au­guste Comte, doit répondre à trois injonctions: savoir, prévoir et pour­voir, c’est-à-dire agir. La faculté de prévision doit se fonder sur le sa­voir scientifique. « 

Dans un autre registre, que pensez-vous de la percée du Front National en France? Comme on dit dans un proverbe marocain, ce que le chameau a la­bouré, il a fini par le damer. On as­pirait à l’universel, nous voilà tom­bés dans l’identitaire. Mais doit-on blâmer les Français pour autant? Je les comprends, mais j’espère qu’ils se ressaisiront. Rappelez-vous qu’après Barrès, il y eut Sartre.

La question incontournable: que pensez-vous de Much Loved?

Je nlen ai vu que certaines sé­quences. Ça n’a pas l’air d’un film à proprement parler, mais d’un do­cumentaire, pas très réussi. Mon jugement ne se base bien entendu que sur le plan esthétique.

ANTÉCÉDENTS

1962: Voit le jour il Errachidia

1999: Devient porte-parole du Palais

2005: Est nommé wali de Meknès-Tafilalet

2009: Devient historiographe du royaume

2015: Publie L’Impasse de J’islamisme

Source : TelQuel

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