Inquiétude. Suite à la fin de la carrière du grand champion de sumo Hakuhō Shō annoncée ce début de semaine, plusieurs spécialistes affirment que cette décision risque de porter un coup à la popularité de ce sport traditionnel et très populaire au Japon.
L’ascension de ce lutteur d’origine mongole et sa féroce rivalité avec son compatriote Asashoryu à la fin des années 2000 avaient contribué à un certain regain d’intérêt pour le sumo, selon l’AFP.
Hakuhō avec une pluie de records, dont celui de 45 tournois remportés était « un de ces athlètes qui transcendent leur sport », estime le commentateur de sumo John Gunning, comparant le champion à la légende du football Pelé ou à la vedette du basket Michael Jordan, affirme-t-on.
« Je ne vois personne qui pourrait combler le vide » laissé par son départ, renchérit Murray Johnson, commentateur sur la chaîne de télévision japonaise NHK World.
+ Aucun successeurs à la hauteur +
Le lutteur, Terunofuji, est désormais « yokozuna » (rang suprême du sumo), et sa longévité au sommet est douteuse, car il vient seulement d’être promu à 29 ans, après une série de blessures aux genoux qui l’avait fait récemment redescendre à l’avant-dernière division du classement, selon le journaldemontreal.com.
« Terunofuji est le seul à pouvoir endosser le rôle » de leader, « mais avec ses genoux combien de temps peut-il durer? Je serais surpris qu’il tienne plus de deux ans », déclare M. Johnson.
« Avec le départ de Hakuho et l’absence de rival de Terunofuji, il y aura une baisse d’intérêt », résume M. Gunning.
Il voit cependant de l’« espoir à l’horizon », en nommant par exemple le prometteur lutteur Hokuseiho, un géant de 2 mètres âgé de tout juste 19 ans que Hakuho a lui-même recruté, et qui pourrait être une graine de « yokozuna ».
+ Envers une éventuelle mort du sumo ? +
Les lutteurs de l’élite actuelle du classement, en revanche, n’ont pas su profiter des nombreuses absences de Hakuho sur blessures depuis plusieurs années pour s’imposer.
« Tous les “ozeki” (le rang derrière celui de “yokozuna”) sont faibles », lâche la journaliste spécialisée Shoko Sato, redoutant que le sumo ne se retrouve bientôt sans aucun « yokozuna », pour la première fois depuis une période de quelques mois en 1992-1993.
« Les genoux de Terunofuji sont en si mauvais état que je ne pense pas qu’il sera là longtemps. Je suis inquiète que l’intérêt pour le sumo décline peu à peu », estime également Shoko Sato.
« La mort prématurée du sumo a déjà été annoncée d’innombrables fois », tempère toutefois John Gunning, qui pense qu’au final, ce sport s’en remettra cette fois encore.
La pandémie du Covid-19 avait forcé les organisateurs à tenir les tournois devant un nombre de spectateurs réduit, à huis clos, ce qui complique davantage l’évaluation de la popularité actuelle du sumo, rappelle l’AFP.
Article19.ma