Opinion – Entre Benkirane et Mohamed Hafid

Par Ahmed Assid

Abdelilah Benkirane a déclaré que la commission de Chakib Benmoussa comprend « des personnes spécialisées dans le scepticisme à l’encontre de l’Islam », et qu’il s’agit d’une commission « déséquilibrée », c’est-à-dire qui ne comprend pas de « croyants » à son goût en menaçant de ne pas se taire et de ne pas cesser de suivre cette question.

Bien que les Marocains n’aient pas obtenu de la « foi » de Benkirane et de ses compagnons que fléau et mal évidents, nous sommes étonnés de voir comment cet homme ne comprend pas, ou prétend ne pas comprendre que le pouvoir en lui octroyant une retraite exceptionnelle rentière qu’il ne mérite pas constitue sa mise à une retraite politique et un achat de son silence, après que la mission qui lui a été assignée depuis 2011 ait pris fin. C’est pour cela qu’il se comporte comme un imposteur ou un escroc: il accepte l’argent et la voiture de luxe, mais insiste en même temps pour continuer à enchérir sur les autres avec les mots… Il a peur que les gens l’oublient, mais il est dans un moment de vérité, au lieu de dire non à la rente, il s’y est engouffré sans jamais renoncer à son désir de poursuivre son hobby préféré: le mensonge manifeste.

Si nous considérons la personne comme si c’était un simple Marocain, il n’y aurait alors pas de problème, en ce sens que deux études mondiales consécutives ont confirmé que le peuple marocain occupe le premier rang mondial dans la tricherie, le mensonge et l’hypocrisie, et Benkirane n’est rien d’autre que l’enfant de sa société, et il ne peut pas être mieux que d’autres. Mais d’un autre côté si nous considérons l’homme comme un ancien chef de gouvernement, et leader d’une tendance idéologique religieuse revendiquant la pureté et cherchant à monopoliser la rhétorique au nom de la « morale » et des valeurs, nous nous trouverons devant un véritable problème qui est la persistance à assassiner la crédibilité de la politique et à achever le reste du sentiment national chez une minorité de personnes.

M. Mustapha Ramid, qui a réalisé l’ampleur de ce qui est arrivé à son ancien leader, a déclaré que s’il avait été à la place de Benkirane, il n’aurait pas accepté cette retraite extraordinaire. Personnellement, je ne fais pas confiance en « les frères », mais la déclaration est néanmoins éloquente et importante, car au moins elle confirme que M. Benkirane a commis une grave erreur en acceptant une retraite rentière après avoir venu à bout de la retraite des Marocains. Et qu’il avait tenu compte de l’erreur en continuant à enchérir à coups de grandes formules, même s’il n’était plus en position de conseiller ou de distribuer des accusations.

Un citoyen m’a demandé quand Saad Eddine El Othmani est devenu chef du gouvernement et Benkirane était entré dans son trou pendant quelques jours: « Ne sentez-vous pas de l’ennuie? L’actuel chef du gouvernement ne parle pas et ne suscite pas de controverse? ».

« J’ai répondu: bien au contraire, puisque l’actuel chef du gouvernement va jouer le même rôle que celui qui a été joué par Benkirane, ce qui nous amènera aux mêmes résultats, alors qu’au moins avec El Othmani nous ne serons pas la cible d’insultes de tous les types avec des quantités considérables de mensonges chaque jour…Un chef de gouvernement qui vous fait du tort en étant silencieux est mille fois mieux qu’un chef de gouvernement qui vous subtilise votre portefeuille puis en plus vous insulte et vous agresse avec sa violence verbale ».

Il y a quelque temps, Benkirane a déclaré à la presse que le danger pour l’État venait de la gauche, son objectif était de détourner l’attention des accusations constamment dirigées contre les islamistes qui représentent une menace réelle pour l’État, après le démantèlement des cellules dormantes et éveillées, et le crime honteux de Chamharouch. Mais je me suis souvenu des figures de gauche qui ont vécu toute leur vie en se contentant du strict minimum, en renonçant aux plaisirs matériels de la vie, abandonnant les acquis du pouvoir et la tentation des postes, renonçant aux privilèges, et même abandonnant un siège du parlementaire en signe de protestation contre le trucage électoral, qui se souvient aujourd’hui de Mohamed Hafid? Le jeune homme USFPiste qui a refusé d’être un faux parlementaire pendant l’ère de Driss Basri? N’est-ce pas là la plus haute et la plus belle leçon de morale, qui puisse être la source de véritables valeurs nationales pour les générations présentes et futures? Benkirane n’éprouverait-il pas de la honte si jamais il croise un jour Mohamed Hafid?

Nous sommes confrontés à un étrange paradoxe: des gens qui accourent vers les sièges, les acquis du bas monde, la rente et la polygamie, et en même temps parlent d’Omar Ibn Al Khattab, dont « la faim torturait les entrailles », et qui veulent rester un modèle éthique, se présenter comme des protecteurs de la religion, et établir des tribunaux d’inquisition où ils demanderont des comptes aux personnalités de la société et de l’État concernant leurs consciences et leurs croyances.

Quelle mascarade… mais nous ne sommes pas à la fin de l’histoire.

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