BUZZ – Les fuites d’Ashley Madison ont poussé des « infidèles » au divorces, d’autres au suicide

« Tout cela n’a rien de drôle. » Après les premières réactions amusées au piratage du site Ashley Madison, le site de rencontres adultérines, le surintendant de la police de Toronto (Canada) a mis les points sur les i, lors d’une conférence de presse en début de semaine, selon le 20 minutes.

 « Les actions de The Impact Team ont déjà et continueront d’avoir des conséquences économiques et sociales à long terme », a-t-il averti. Pire, elles ont déjà provoqué des crimes et fait des victimes, a-t-il ajouté.

Des premiers cas de divorces

Dès vendredi, au lendemain de la publication de la seconde salve de donnéesconcernant les utilisateurs d’Ashley Madison, The Times recensait un premier cas de divorce en Grande-Bretagne. Le cabinet de conseil Relate indiquait par ailleurs au journal recevoir de nombreux coups de fil de personnes dont le nom du compagnon figurait sur la liste des inscrits qui avait leaké. De l’autre côté de l’Atlantique, pas mieux. Des avocats interrogés par Forbes affirment que les demandes de divorce se sont multipliées ces derniers jours. « C’est une aubaine pour les avocats spécialisés et les thérapeutes », assure ainsi Gary Neuman, l’auteur du best-seller The Truth about Cheating. « Dans les cas d’infidélité, le bouleversement et la douleur sont si forts qu’il est presque impossible pour des parents de protéger les enfants des cris et de la vérité crue », explique-t-il. Ainsi, 50 % des couples qui font face à un adultère divorcent immédiatement, selon ses estimations. A l’échelle d’Ashley Madison, une bonne dizaine de millions de couples à travers le monde seraient donc potentiellement sur la sellette…

Des accusations d’extorsion de fonds

L’affaire est aussi une histoire d’argent. Tandis que des plaignants se sont réunis pour réclamer 509 millions d’euros à Avid Life Media via une action en nom collectif au Canada, la police de Toronto révèle que d’autres utilisateurs du site ont été victimes de tentatives d’extorsion. « Songez à quel point un divorce est dispendieux », débute ainsi le mail adressé à des utilisateurs les enjoignant de payer 1,05 bitcoin (200 euros) pour acheter le silence de leur maître-chanteur. Dans le cas contraire, ce dernier menace de révéler l’inscription de sa victime à sa famille, à ses amis et à son employeur.

 L’enquête de la police a été donc étendue à ces cas de chantage. Un compte Twitter consacré à l’affaire Ashley Madison a même été créé pour, notamment, répondre aux victimes.

Des suicides présumés liés à l’affaire

« Nous avons eu des informations, qui ne sont pas confirmées, à propos de deux suicides associés à la fuite des données d’utilisateurs d’Ashley Madison », a expliqué le surintendant de la police de Toronto, lundi. Selon le San Antonio Express, le suicide d’un capitaine de police de 25 ans de San Antonio (Texas), jeudi, pourrait notamment être lié au leak, son mail ayant été retrouvé dans la liste dévoilée par les hackers. Le lien entre les deux événements n’est toutefois pas encore certain. Interrogé par The Guardian la semaine passée, le chercheur en sécurité Brian Krebs pressentait en tout cas des « surréactions » au piratage. « Je ne serais pas surpris de voir des gens se suicider à cause de ça […] et la dénonciation n’arrange pas les choses », craignait-il. Le Texan ne serait pas la première victime mortelle d’un piratage. En juillet, un agent de haut rang du National Intelligence Service sud-coréen avait été retrouvé mort, rappelle Numerama. Dans une lettre de trois pages posée près de lui, il reconnaissait son implication dans un programme d’écoutes dévoilé par des pirates.

Article19.ma/20 minutes