FOCUS – Propos « peu amènes » attribués à un diplomate marocain à Oran raviveront-t-ils la tension entre Alger et Rabat ?

Vent de l’Est. Des propos « peu amènes » attribués à un haut diplomate marocain à Oran et qui ont déclenché une controverse vont-ils faire monter la tension d’un cran dans les relations maroco-algériennes déjà tendues, s’interrogent de nombreux commentateurs.

En fait, ce sont les médias algériens qui ont entamé « l’opération d’instrumentalisation » en diffusant une vidéo dans laquelle un Consul général marocain à Oran aurait qualifié l’Algérie de « bled addoua » (pays ennemi) au moment où il discutait en privé avec un groupe de Marocains bloqués en Algérie. Ces derniers s’étaient rassemblés devant le Consulat d’Oran pour s’informer sur la date et les procédures à suivre pour leur rapatriement, signale un internaute d’Oran.

« Vous êtes les bienvenus au consulat… mais vous savez ce qu’il y a… ici, nous sommes dans un pays ennemi », entend-on dire le diplomate marocain en appelant ces hommes bloqués en Algérie à éviter l’attroupement devant l’entrée du consulat, a rapporté le site arabophone marocain Hespress.com.

La vidéo a été mise en ligne en début de semaine et a enflammé du coup les réseaux sociaux dans les deux pays voisins.

De son côté, le Consul général marocain a nié avoir dit « un pays ennemi » en estimant qu’il s’agit d’une « manipulation » car les médias algériens n’ont pas manqué de monter au créneau allant jusqu’à exiger « l’expulsion » du fonctionnaire marocain.

Qui était derrière cette campagne anti-marocaine car ça n’a pas tardé à prendre la forme d’un « incident diplomatique », note-t-on dans les milieux diplomatiques.

L’ambassadeur du Royaume du Maroc à Alger a été convoqué, mercredi 13 mai 2020, par Sabri Boukadoum, ministre des Affaires étrangères « pour le confronter aux propos du Consul général du Maroc à Oran lors d’un échange avec des citoyens marocains », selon un communiqué diffusé par l’APS.

+ Les relations maroco-algériennes sont marquées par l’hostilité du régime algérien depuis des décennies +

Pour leur part, dans un élan de solidarité, des internautes marocains ont réagi sur les réseaux sociaux pour appeler « un chat un chat et expliquer que le diplomate marocain n’aurait dit « que la vérité que personne ne peut nier », les relations maroco-algériennes étant marquées par l’hostilité du régime algérien, malgré les relations amicales entre les deux peuples, ajoute Hespress.

Le 30 avril le président Abdelmajid Tebboune a rencontré des responsables de médias locaux à Alger et répondu à leurs questions sur les mesures socio-économiques prises pour lutter contre la propagation de la pandémie du Covid-19, la chute des prix du pétrole, etc… Et parlant de « la souveraineté » et « l’indépendance des décisions de l’Algérie » face aux diktats financiers du FMI, Tebboune sauta du coq à l’âne et inclut « la Palestine » et « le Sahara » dans son explication, deux sujets politiques antinomiques et hors sujet. Les spectateurs marocains dans l’Oriental qui souvent suivent l’actualité sur les chaînes TV algériennes n’en croyaient pas leurs yeux ni leurs oreilles non plus. Le délire.

Le 4 mai, lors du sommet virtuel du Groupe de contact du Mouvement des pays non alignés, Tebboune est revenu à la charge en citant le Sahara marocain parmi les territoires sous « occupation » comme ceux de la Palestine, prétend-il.

Le chef d’État algérien commence à divaguer, pour ne pas dire qu’il souffre « d’un trouble obsessionnel » sur la question du Sahara, comme d’ailleurs ses anciens camarades tels Boutef et les fameux Généraux derrière les barreaux…

Les autres, les généraux encore dans l’ombre qui ont plébiscité Tebboune et lui ont mis le pied à l’étrier doivent suivre cette controverse avec « un malin plaisir », car toute « cette histoire n’est en fin de compte qu’une tempête dans une tasse de thé », note un politologue marocain à Rabat.

Et en parlant de Rabat, c’est un silence radio et un « non-event », ajoute-t-il.

Article19.ma