Grève de la faim – Amnesty International exhorte le Maroc « à garantir les soins nécessaires » à Raissouni

Amnesty international (AI) a exhorté les autorités marocaines à garantir les soins médicaux nécessaires au journaliste Souleiman Raissouni, détenu à la prison locale de Ain Sebaa à Casablanca, dont « l’état de santé serait menacé après 51 jours de grève de la faim ».

« Les autorités marocaines doivent de toute urgence mettre fin à l’isolement cellulaire d’un journaliste (Raissouni) détenu dont la santé est menacée après 51 jours de grève de la faim et veiller à ce qu’il reçoive les soins médicaux spécialisés dont il a besoin », souligne l’organisation dans un communiqué publié, ce week-end, sur son site web.

Selon Amnesty international, « Raissouni souffre d’hypertension chronique, une maladie nécessitant un traitement régulier. Depuis qu’il a commencé sa grève de la faim, il a perdu 31 kilos et sa santé s’est fortement détériorée ».

« Sans soins médicaux spécialisés, la santé de Souleiman Raissouni est gravement menacée. Les autorités marocaines doivent de toute urgence s’assurer qu’il a accès à des soins médicaux indépendants par un médecin de son choix et que sa famille et son équipe juridique aient accès à son dossier médical », a indiqué Amna Guellali, directrice adjointe du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord d’Amnesty International, citée dans le communiqué.

« Quelles que soient les charges auxquelles un détenu est confronté, les autorités marocaines ont l’obligation de respecter les normes internationales sur le traitement des prisonniers. Elles doivent immédiatement mettre fin à l’isolement cellulaire prolongé de Souleiman Raissouni, qui porte atteinte à l’interdiction de la torture », souligne Amnesty.

+ Raissouni était « trop malade » pour s’exprimer devant le juge +

La même source relève que « malgré la visite d’une infirmière pour surveiller sa tension artérielle, sa glycémie et son taux de magnésium une à deux fois par jour et d’un médecin une à deux fois par semaine, les avocats et la famille de Souleiman Raissouni estiment que ces soins ne sont pas suffisants car il souffre d’hypertension chronique et plus récemment il a eu des difficultés à marcher en raison de douleurs à la jambe droite ».

« Lors de sa dernière audience, le 18 mai, il était trop malade pour s’exprimer devant le juge. L’audience a été reportée au 3 juin », rappelle Amnesty indiquant que « le jour où il avait commencé sa grève de la faim, des gardiens de prison ont fouillé sa cellule et saisi ses effets personnels en guise de représailles ».

Selon l’ONG, Raissouni a arrêté de boire de l’eau jusqu’à ce que ses affaires lui soient restituées six jours plus tard et a également été transféré dans une autre cellule à côté de la cuisine de la prison.

« Les gardiens de la prison ont également intensifié la surveillance de ses communications avec sa famille, se tenant près de lui pour écouter ses conversations téléphoniques avec eux », selon le communiqué.

Pour Amnesty international, « quelle que soit la gravité des accusations portées contre Raissouni, les autorités doivent veiller à ce qu’il soit traité équitablement ».

Pour rappel, Raissouni, rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum, a été intercepté par la police devant chez lui le 22 mai 2020 en plein Ramadan. Il est poursuivi pour « viol » d’un jeune homme et de sa « séquestration », à Casablanca, selon les chefs d’inculpation établis par le parquet.

L’epouse de Raissouni, par contre, considère que son mari a été arrêté pour « d’autres raisons », notamment ses écrits journalistiques « critiques » du système socio-politique au Maroc.

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