Par Ali Bouzerda
Un constat qui prête à polémique. La société marocaine, disent les visiteurs étrangers montre “peu de tolérance” et de “pitié” pour les chiens. Et ce n’est, semble-t-il, pas de la provocation ni une exagération.
Une illustration: les plus pieux parmi nous, sans parler des barbus à l’exception de Benkirane***, vous diront qu’en Islam, le chien est un animal « makrouh » (impur) et si vous le touchez sans se laver après, votre prière serait caduque. Curieuse argumentation!
Cependant, en étudiant le Coran, on ne trouve rien de tout cela. Dans le Coran, nulle part n’est mentionné que le chien est interdit, comme il n’existe aucune mention d’un quelconque effet « d’impureté » de cet animal qui est le compagnon de l’homme le plus fidèle depuis la nuit des temps.
Par ailleurs, beaucoup de gens oublient que le chien a été cité quatre fois dans le verset coranique « al-Kahf » et une fois dans le verset « al-Aaraf ».
Bref, venant maintenant à la triste histoire de l’abattage des « chiens errants » à Agadir, et ce, à la veille de l’arrivée des inspecteurs de la FIFA chargés d’évaluer la candidature du Maroc pour la Coupe du Monde 2026.
+Histoire d’image…+
C’est le site d’information le HuffPost Maroc qui a rapporté cet incident, le vendredi 6 avril.
Les chasseurs en question auraient été « mandatés », selon l’association qui a requit l’anonymat (par peur des représailles), et qui étaient en action nocturne le jeudi pas loin d’un groupe de touristes européens qui se baladaient dans la parages.
Choqués par le massacre systématique des chiens, les touristes ont eu pitié du sort réservé à ces pauvres bêtes et du coup ils auraient tenté de les sauver mais sans succès.
« Et de quoi se mêlent ces étrangers ? », doivent se dire les fameux chasseurs à la gâchette rapide.
Pour ces derniers, puisque les chiens errants dérangent l’image de marque du Royaume, il faut « les buter » sans pitié.
Une triste histoire qui se répète chaque fois dans différentes régions du pays sous des prétextes sanitaires (El Jadida 2017, Ksar el-Kebir 2016) et qui rappelle un incident du genre, il y a un siècle de cela.
En 1910, un sombre épisode a défrayé la chronique, bien au-delà des frontières de l’Empire Ottoman: le massacre des chiens d’Istanbul.
L’événement eut d’autant plus de retentissement que ces créatures avaient acquis une certaine « notoriété » fournissant matière à une abondante littérature de l’époque. À Agadir, on n’en est pas encore là…
Et pour murmurer dans l’oreille des responsables locaux, la Commission de la FIFA ne sera nullement impressionnée par l’abattage des chiens, ni par les palmiers plantés à la dernière minute sur les grandes avenues pour « le plaisir des yeux » mais par des choses concrètes telles des toilettes sur les lieux publics, des urgences d’hôpitaux modernes ouverts aux citoyens jour et nuit, un transport public sécurisé et efficace et autres critères techniques plus pointus…
Messieurs, ne soyons pas ridicule car « on ne peut pas cacher le soleil avec le tamis”, comme disaient nos ancêtres.
Le Maroc tel qu’il est aujourd’hui mérite d’accueillir haut la main cette maudite Coupe qu’on attendait depuis 1994, et ce, pour une raison simple de justice et d’équité: c’est le tour de l’Afrique et non celui de l’Amérique du Nord.
Mais, ne faut-il pas plutôt préparer les arguments nécessaires pour convaincre les inspecteurs de la FIFA et les pousser à épouser la cause marocaine sans maquillage.
Notons au passage que tout le monde est conscient de la forte pression sur la FIFA de la part des lobbies des riches nations qui ne rêvent que de fric et non de sport. Mais cela ne doit nullement nous décourager de plaider la bonne cause de l’Afrique.
In fine, « les chiens errants » d’Agadir ne sont en fin de compte que des dégâts collatéraux de la compétition en cours.
*** Et pour rendre à César ce qui est à César, un jour Benkirane m’a fait la remarque suivante en plaisantant: « Tu pourrais un jour rejoindre nos frères au sein de la Jamaa Islamia car tu es un homme honnête et sérieux… mais il faut se débarrasser de quelques mauvaises habitudes, notamment ton chien que tu balades dans le quartier (les Orangers) ».
L’eau a bien coulé sous les ponts, mais avant que Benkirane ne prenne de l’étoffe et devienne chef de gouvernement, il me rappela l’histoire du chien lors d’une conversation téléphonique.
« Ali, la condition du chien n’est plus exigée, » dit-il, avant d’expliquer la raison. « J’avais adopté un chien mais comme je n’avais ni le temps ni l’espace pour m’en occuper, je l’ai donné à un ami digne de confiance…Mais à ma surprise, le chien est mort après quelque temps…j’étais triste de l’apprendre, ça m’a fait de la peine vraiment ».
No comment!
[…] (adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Source link […]