Après près de 14 ans d’incarcération à Guantanamo où il a subi les pires tortures physiques et psychologiques, Younes Chakouri revient dans une interview avec le journal Akhbar Al Yaoum sur « les exactions inhumaines » dont ont souffert les détenus de cette tristement célèbre prison de la part des tortionnaires américains et ce en totale contradiction avec les principes les plus élémentaires des droits de l’homme que ne cesse de claironner les Etats Unis.
Chakouri avait été intercepté « par erreur », dit-il, par les forces pakistanaises lors de la campagne des arrestations ayant visé les combattants d’Al Qaida en 2001.
Il a passé 5 ans dan une prison de Kandahar puis 13 ans et 8 mois à Guantanamo sans aucune inculpation avant d’être innocenté en 2009 avec la fin du mandat de Georges W. Bush.
Le camp de Guantánamo se trouve sur la base navale de la baie de Guantánamo dans le Sud-Est de Cuba. Dans ce centre de détention militaire de haute sécurité, sont détenues des personnes qualifiées de « combattant illégal », capturées par l’armée américaine dans les différentes opérations qu’elle mène à l’étranger (Afghanistan, Irak, etc.) contre des militants et terroristes islamistes. Le choix de ce centre situé à Cuba sur une base militaire américaine a été justifié par le président George W. Bush afin de fonder juridiquement la décision de refuser de soumettre les détenus au système judiciaire fédéral américain, prenant appui sur l’extra-territorialité de la base.
A sa libération, il avait refusé de regagner le Maroc à cause des rumeurs qui lui étaient parvenues sur « la torture systématique » infligée aux détenus dans les prisons marocaines. Toutefois, grande a été surprise comme il l’a déclaré à Akhbar Al Yaoum.Le Maroc est le pays qui a le plus respecté l’humanité de Chakouri. « J’ai y été innocenté et j’y ai été bien traité aussi bien par Hammouchi et ses hommes que par les gardiens de la prison de Salé…Il n’y a aucune comparaison entre les prisons de Guantanamo et de Kandahar, qui sont des lieux de privation au vrai sens du terme -torture, perte de la dignité…comme si nous étions hors de la planète terre et hors du temps- et la prison de Salé à propos de laquelle j’ai dit aux détenus que c‘est une prison 5 étoiles… A Guantanamo, ils nous humiliaient dans notre foi, quotidiennement, en déchirant le coran et en le jetant au milieu des ordures, et pendant les prières ils chantaient ou nous jetaient des pierres… ».
Chakouri a également fait savoir qu’après son arrestation avec son frère Rédouane, il a été interrogé « pendant 3 ans sur les organisations de secours islamiques, leurs activités, leurs objectifs, leurs financements et leurs dirigeants. Ils conduisaient une étude sur les institutions caritatives islamiques qu’ils considèrent comme « un pourvoyeur de fonds » pour le terrorisme international. L’objectif des américains était de « recueillir des renseignements » car les Etats Unis sont entrés dans cette guerre (contre les Talibans et autres), alors qu’il ne disposait pas de données sur la société musulmane ».
+Qui est Younes Chakouri ?+
Il est né le 4 mai 1968 à Safi dans une famille constituée de 13 enfants. Il a immigré au Pakistan à l’âge de 22 ans avec ses frères pour les études supérieures. Cependant, après une série de problèmes de sa famille, il a été confronté à des difficultés financières qui l’ont empêché de rester au Pakistan avant de tenter de trouver du travail au Yémen et en Syrie.
En 1999, a fait la rencontre en Turquie d’une algérienne qu’il a épousée. Après avoir fondé une famille, il a décidé en 2001 de s’installer en Afghanistan où il a trouvé un travail dans une institution caritative d’aide aux jeunes, avant de fuir ce pays à cause de l’instabilité qu’il a connue après les attaques du 11 septembre, dit-il.
Après son incarcération à la prison de Kandahar en Afghanistan il a été transféré le 3 mai 2002 à Guantanamo pour ses liens présumés avec Al Qaeda jusqu’à sa remise aux autorités marocaines.
Ouverte après les attentats du 11 septembre 2001, la prison de Guantanamo ya compté jusqu’à 780 détenus arrêtés pour leurs liens présumés avec Al-Qaïda et les talibans. Il en reste 41 aujourd’hui.