Un grand coup de la police espagnole. Abdelkader Ben Ali, alias Laca, était le principal fournisseur de cannabis aux soldats espagnols basés à Melilla, avant de devenir un grand trafiquant de la cocaïne entre l’Amérique Latine l’Espagne et l’Europe.
Né en 1945 à Nador, ce septuagénaire, qui vient d’être arrêté par la police espagnole alors qu’il tentait d’introduire près d’une tonne de cocaïne dans la péninsule ibérique, est considérée comme le « doyen » des barons de la drogue, et a réussi à construire un véritable empire immobilier opérant entre l’Espagne et le Maroc, et possède également une grande société active dans l’import-export.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui dresse lundi le portrait de ce barron de la drogue, souligne que ce Marocain, originaire de Bni Chiker dans la province de Nador, s’est lancé tout jeune dans ce commerce lucratif, à savoir la vente du cannabis aux soldats espagnols basés à Mellilia en utilisant une mobylette chargée de boites en laque -d’où le surnom de «Laca»- dans lesquelles il dissimulait la drogue pour échapper au regard des services de sécurité marocains et espagnols.
Celui qui est devenu le plus grand trafiquant de drogue en Afrique du Nord a vite développé son activité passant d’un petit trafiquant de cannabis dans les montagnes du Rif à un grand passeur international de drogues dures entre l’Amérique latine et le vieux continent, grâce à un réseau de relations tissées avec de grands cartels de la drogue. Et sans susciter le moindre soupçon des autorités espagnoles qui n’ont jamais douté de l’origine illégale et suspecte de sa richesse.
A Malaga où il s’est installé, il dispose des intérêts dans plusieurs secteurs névralgiques de l’économie régionale qu’il a même développés à l’international avec une forte présence dans certains pays d’Afrique de l’ouest.
Car Laca a réussi, en quarante années de trafic prospère, à introduire en Espagne des tonnes de cocaïne et d’autres drogues dures placées dans des cargaisons de fruits tropicaux, depuis des pays d’Amérique Latine.
D’ailleurs, son arrestation il y a quelques jours à l’aéroport d’Algésiras alors qu’il revenait de Mellilia, est intervenue quelques heures après l’interception de 960 kg de cocaïne dans des caisses d’ananas importées d’Amérique Latine et précisément de l’Equateur.
La police a également saisi, lors d’une opération parallèle, 30 kg de cocaïne dissimulés dans une cargaison de bananes en provenance du Costa Rica.
La valeur totale de la drogue saisie dans les deux opérations est estimée à 45 milliards de centimes.
Après l’arrestation de ce baron de la drogue, la garde civile espagnole a mis la main sur 1,8 million de dirhams en liquide, des bijoux d’une valeur de 2 millions de dirhams, 15 véhicules, deux pistolets, ainsi que différents dispositifs électroniques de géolocalisation.
Le démantèlement de ce grand réseau de trafic international de drogue doit porter un coup dur à l’empire commercial et financier dirigé par Laca, après la saisie de certains biens immeubles qu’il détient à Malaga, d’une valeur de 7 millions d’euros, et le blocage de plusieurs comptes bancaires d’un montat total de 2 millions d’euros.
L’enquête a révélé que ce trafiquant notoire bénéficiait de plusieurs complicités au sein de l’appareil de l’Etat espagnol, des conclusions qui ont conduit à l’arrestation de son épouse, de son fils Mohamed et de ses beau-frères dont l’un travaille dans le corps de la police, et qui s’appuie sur les soutiens de plusieurs parlementaires, ainsi que de trois entrepreneurs espagnols.
Le journal espagnol El Mundo, qui s’est intéressé à son tour au parcours atypique de ce trafiquant, relève que son interpellation a été retardée de plusieurs années en raison des précautions et des grandes mesures de sécurité prises par l’intéressé dont un système de communications cryptées. Et surtout à cause de la confiance qu’il inspirait dans son voisinage et dans toute la station balnéaire de Costa del Sol où il vivait, en tant que grand homme d’affaires qui gérait une prospère société immobilière en collaboration avec certains membres de sa famille.
Mais ces projets cachaient en réalité une solide structure financière dans le blanchiment d’argent montée par un grand trafiquant international de drogue qui mène un train de vie ostentatoire, car Laca détient rien qu’à Mellilia un palais somptueux de quatre étages et vient d’ouvrir à Malaga une pharmacie pour un coût de 4 milliards de centimes, outre d’importants biens immobiliers au Maroc.