C’est officiel, le cout-métrage d’Ayoub Qanir ira au « short film corner » du festival de Cannes. On verra donc le beau gosse marocain fouler le tapis rouge de la Croisette le 13 mai prochain. En plus de cette reconnaissance francophone, le réalisateur est déjà en train d’adapter son court-métrage, « Artificio Conceal » en long métrage aux Etats-Unis. Sa devise: « Go big or go home! ».
Depuis quand êtes-vous passionné de cinéma?
Ayoub Qanir: Dès mon plus jeune âge. Déjà à l’école on me trouvait toujours en train de dessiner des comics, d’inventer des personnages. Et vers 11 ans, j’avais une petite caméra et j’invitais mes copains à venir faire des films chez moi. Je n’avais pas de notion de scénario ou de script, je sortais ma caméra, et on tournait. Rien d’extraordinaire, des petits films basiques, faits à la maison avec cinq ou six gamins. J’ai toujours la même passion.
Vous êtes aussi passionné de sciences, il y a beaucoup de références à la physique quantique dans votre court-métrage, d’où vous vient cette fascination?
C’est un sujet naturel pour moi. J’avais déjà un abonnement à Science et vie junior quand j’avais 8 ans. Alors c’était un peu plus compliqué qu’aujourd’hui: il fallait avoir un abonnement en France, et le faire envoyer ensuite au Maroc, ça prenait plusieurs semaines, mais ça valait le coup d’attendre. Ensuite, quand je suis parti aux Etats-Unis, l’accès au savoir était plus simple, et des copains très intelligents m’ont recommandé des livres. J’enrichis cette curiosité personnelle, je la digère, et les questions scientifiques sont au coeur de mes scénarios.
Avec la volonté de faire comprendre des notions complexes à votre public?
Non, au contraire. Moi je vois le cinéma comme un entrainement psychologique et émotionnel. Un film c’est comme un moment de gymnastique. Pour moi, les films les plus intéressants sont ceux qui défient leur audience. Ce sont des films qui proposent des variables sans expliquer leurs connexions. Je n’aime pas les films dans lesquels toute la compréhension est déjà produite, où on nourrit son public à la petite cuillère. Je préfère les films courageux qui n’expliquent pas tout, qui proposent des idées complexes, profondes, et qui posent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses.
On parle de vous comme d’une étoile montante, un jeune réalisateur dont il faut retenir le nom, comment prenez-vous ce pari que l’on fait sur votre carrière?
Je reste concentré sur mon ambition. Ca fait déjà plusieurs années que je travaille sur mes films. Je remercie énormément les gens qui croient en moi et qui me donnent l’opportunité de me faire un nom, mais la célébrité ne m’intéresse pas du tout. Mon objectif, c’est que cette influence me permette de faire des films plus grands, pour les gens. C’est vrai qu’il faut avoir un petit nom, et un réseau pour faire des films, récolter des fonds pour les réaliser. Mon ambition ça n’est que ça: faire des films pour les gens. C’est pour ça que c’est important pour moi de toujours rester accessible, et de toujours rester humble.
Le HuffPost Maroc/Article19.ma