Éclairage – Le Maroc « n’est plus un pays de transit » mais plutôt « un marché potentiel » de la cocaïne (Vidéo)

Autrefois, vue sa position géostratégique le Maroc n’était qu’un « pays de transit » pour les trafiquants de la cocaïne. Aujourd’hui, la situation a changé et le royaume est devenu un « marché potentiel » de la drogue dure en provenance d’Amérique Latine et la saisie ce lundi 3 octobre par la police de 2,5 tonnes de « cocaïne pure » d’une valeur marchande de 2,7 milliards de dollars et l’arrestation de 13 trafiquants de différentes nationalités, en est l’illustration évidente.

« Depuis le renforcement de la lutte anti-drogue par les États Unis, les cartels latino-américains de la cocaïne ont changé de stratégie… Ils empruntent maintenant les routes du continent africain. Ainsi la cocaïne en petites quantités a emprunté discrètement le chemin de Dakhla vers le nord du Maroc, » a expliqué Abdelhak Khiam, directeur du BCIJ, lors d’une conférence de presse mercredi à Rabat.

Le patron du FBI marocain (Bureau Central des Investigations Judiciaires) a dévoilé que la cocaïne introduite au Maroc était en provenance du continent sud américain, notamment du Venezuela et du Mexique. Les trafiquants dont certains ont des passeports hollandais et espagnols écoulaient leurs marchandises grâce à un réseau d’intermédiaires bien installés dans les grandes villes telles que Nador, Tanger, Fès, Meknès et Casablanca.

Et même si Khiam a écarté de « manière catégorique » toute collusion entre jihadistes et trafiquants de la drogue, il n’en demeure pas moins inquiet du risque de voir le Maroc transformé en plaque tournante de la drogue dure.

« Le danger », dit-il, est que le Maroc est devenu la cible des cartels Latino-Américains à cause de sa proximité avec l’Europe où le marché de la coke est florissant malgré la législation draconienne en vigueur.

Par ailleurs, voici les autres points qui ont été évoqué, lors de ce briefing où les cameramen se bousculaient afin de pouvoir poser les trépieds de leurs appareils au bon endroit, alors que Khiam attendait patiemment le calme s’installer dans ce souk médiatique, avant d’ouvrir le bal:

  • L’identité, l’âge et la profession des 13 suspects n’ont pas été divulgués car « l’enquête est toujours en cours ».
  • « Pas de relation » entre trafiquants sous les verrous et le terrorisme international.
  • « Aucun agent d’autorité marocain » n’a été impliqué dans cette affaire de cocaïne.
  • Les quantités de drogue dure et cannabis saisies seront « détruites sous la supervision de la justice ».
  • Au Maroc, il y a des criminels comme partout dans le monde « mais pas de crime organisé ».

Grâce à la vigilance, la coopération et la coordination des différents services de sécurité que le Maroc a pu démantelé le réseau de trafiquants et réussir « cette saisie record » dans les annales de la lutte anti-drogue au Maroc.

Pour rappel, en juin 1997, des paquets de cocaïne ont échoué sur la plage de Aïn Diab à Casablanca. Du jamais vu. Une vaste opération de ratissage est immédiatement lancée sur la côte Atlantique de Sidi Rahal à Safi. La marée blanche venait de déferler sur les côtes marocaines six tonnes de cocaïne colombienne d’une valeur marchande estimée entre 1,5 et 2.1 milliards de dollars. La marée blanche est due à un incident technique du bateau qui transportait la cocaïne de Colombie vers le nord de la péninsule Ibérique.

Par Ali Bouzerda

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