Quand Jeune Afrique crache dans « la soupe marocaine »

Par Ali Bouzerda

« Born in Morocco » n’a rien à voir avec « Born on the Fourth of July« , le film d’Oliver Stone qui raconte l’histoire d’un vétéran de la guerre du Viêt Nam, sauf que Jeune Afrique a, semble-t-il, choisi ce titre provocateur afin « to be in tune » et suivre « la tendance », une tendance initiée par des journaux anglo-saxons comme ‘The Observer’ et qui sont allés plus vite en besogne pour des raisons obscures.

La Une de Jeune Afrique (JA) avec les portraits de 10 djihadistes d’origine Marocaine comme illustration à but purement commercial et non éditorial, n’est autre chose qu’une extrapolation de faits afin de montrer en filigrane du doigt le Maroc, suite à la découverte de l’implication de 15 Marocains dans les attentats en Catalogne.

La question qui se pose : pourquoi ce magazine parisien dirigé par des Maghrébins, et qui était jusque-là « le chouchou » du Makhzen bénéficiant de ses largesses et souvent de ses « scoops », a changé soudainement son fusil d’épaule et carrément craché dans la soupe ?

Trois jours après la sortie de JA en kiosque, les « Mousquetaires » de la communication officielle à Rabat n’avaient pas pondu une seule ligne pour répondre à ce « dérapage » et « instrumentalisation » médiatiques à l’encontre du Royaume ? Il a fallu attendre l’indignation de l’ISESCO et le retrait de ce numéro controversé des avions de Royal Air Maroc pour se rendre compte que le Makhzen est très fâché.

Sur les réseaux sociaux la colère est à son comble car le soi-disant média « ami » a insulté consciemment les Marocains et les a touchés dans leur amour-propre et leur dignité. Cela rappelle comme deux gouttes d’eau l’approche et le style du magazine français ‘Valeurs Actuelles’. Business is business, camarade après, dirait l’autre.

Et à ne pas se leurrer, la Une de JA n’est autre chose qu’une « accusation injuste envers un peuple qui a une histoire et une civilisation séculaire », comme l’a bien souligné l’ISESCO.

Au lieu de faire son mea-culpa, la direction du magazine a tenté de mener ses lecteurs en bateau en expliquant que « le titre qui y figure est ‘Born in Morocco’  » et non « Made in Morocco ». Et d’ajouter en caractères gras: « Notre article explique clairement que, en dehors de leur lieu de naissance, les terroristes de Barcelone avaient coupé tout lien avec le royaume ».

Messieurs, il n’y a rien à expliquer, la Une avec ses couleurs rouge et vert (allusion à la bannière du Maroc) parle d’elle même. Il ne faut pas prendre les Marocains pour des abrutis, surtout pas. Ceux qui étaient derrière la mise au point de cette Une et tous ses détails savaient ce qu’ils faisaient et quel message véhiculer. Le diable n’est-il pas dans les détails?

Dont acte !

Curieusement, et à titre comparatif, on découvre dans ce même numéro un article élogieux (sur quatre pages) qui aurait mérité la Une. Il s’agit d’une couverture médiatique sur l’avènement du nouveau Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, le potentiel dauphin du Président Abdelaziz Bouteflika. Et dans un style qui caresse dans le sens du poil, JA a écrit : « S’il (Ouyahia) était une créature légendaire, il serait un phénix, renaissant de ses cendres… » 

Il ne manquait plus qu’une seule chose, inviter la rédaction pour sabler le champagne!

In fine, le Makhzen a-t-il perdu la main ou pas de bol comme le charmeur de serpents qui nourrit affectueusement ses reptiles, mais parfois se fait mordre sans savoir pourquoi ?  

Ingratitude !

La direction de JA est plus qu’ingrate car depuis belle lurette, sans parler des ventes, elle empoche chaque année des millions de dirhams grâce à la publicité et les sponsors, notamment des grands établissements marocains comme Maroc Telecom de M. Ahizoune, l’ONMT de M. Zouiten, la RAM de M. Addou, etc… Toutefois quand elle a « des soucis »,  un changement de comportement comme le serpent s’opère et des « impairs » sont commis avec les « mécènes », selon des journalistes parisiens bien introduits. 

Et les autres, les médias nationaux, notamment les sites électroniques, sollicités si souvent pour jouer du violon ; eh bien, ils doivent presque « quémander » pour survivre car ces grandes boîtes marocaines si généreuses avec les étrangers, deviennent du coup exigeantes. Aux locaux pour ne pas dire « indigènes », ils demandent avec une certaine arrogance « des clics, beaucoup de clics… » sinon ils ne recevront que des « claques ». 

Chez nous, on raconte souvent « مغني الحي لا يطرب » (le musicien du quartier ne chante jamais comme il faut). Curieuse vision des choses!

Article19.ma

1 COMMENTAIRE

  1. Mon cher monsieur,
    Les medias sont ce qu’elles sont et roulent pour ceux qui les possèdent et ceux qui les gratifient de leurs largesses. Heureusement pas tous.
    Mais dans votre article, un lapsus révélateur d’une situation de fait, au Maroc, et vous me direz c’est un ridicule détails et une façon de parler.
    Mais devrais-je rappeler, juste au cas ou, Maroc Telecom n’est pas « de » mr Ahizoun, l’ONMT NEST PAS « de » mr Zuoiten et encore moins la RAM est « de » monsieur Addou.
    Lorsque nous serons au Maroc, en l’état de faire la différence entre ce qui est « de » et ce qui est un bien publique dont la responsabilité de gestion est confiée à telle ou telle autre personne qui ne sont que des serviteurs au sein de ces entreprises publiques, nous serons alors en mesure d »exiger le respect de la part des autres, puisque nous nous respectons et respectons les contrats et conventions qui nous lient les uns aux autres, et qui s’appuient sur notre histoire, notre culture sociale, notre vivre ensemble et notre avenir commun.
    Merci cher monsieur de continuer à défendre les principes fondateurs de notre royaume, mais de grâce cultiver autre chose dans les esprits des citoyens marocains que tout appartient à ceux qui les dirigent et non à la nation.