Après plus de 100 jours de son existence, le gouvernement de Saad Eddine El Othmani, qui a été constitué après plus de 6 mois de blocage, est aujourd’hui confronté à plusieurs défis politiques et sociaux. Qu’en pensent les citoyens de son bilan ? c’est la question qui a été posée par le site Hespress à ses lecteurs pour connaître leur avis sur l’action gouvernementale au cours de cette période.
Sur les 18.458 personnes ayant répondu à cette question, 16.070 ont trouvé que le bilan est « faible » contre 846 (4,5 pc) qui ont estimé « satisfaisant » l’action de l’exécutif alors que 1.542 (8,3 pc) l’ont qualifiée de « moyenne », affirme le site.
Certes, il est « difficile d’évaluer » l’action d’un gouvernement au cours de ses 100 premiers jours, a averti le site, mais il est de coutume au niveau international de se prêter à cet exercice en recensant les décisions et les mesures prises au cours de cette période d’autant que le chef du gouvernement a lui même annoncé qu’il présenterait son bilan à « la rentrée politique » (septembre 2017), ajoute-t-il.
+Impact négatif du blocage+
Commentant les résultats du sondage, El Amrani Boukhobza, professeur de sciences politiques à l’université d’Abdelmalek Saadi, a estimé que le blocage qui a précédé la constitution du gouvernement a eu « un impact négatif » sur l’action de l’exécutif au cours de ses 100 premiers jours.
Le blocage a fait, selon lui, que le gouvernement s’était occupé à adopter la loi de finances puis à mettre en place les règles de fonctionnement de l’exécutif et à définir les compétences de ses ministères.
Boukhobza a également relevé « la tension qui marque le climat social dans le pays, notamment à Al Hoceima, et qui a eu un effet négatif sur l’action du gouvernement, » soulignant que d’autres régions connaissent également une agitation sociale liée à des insuffisances et dysfonctionnements dans plusieurs secteurs relevant du gouvernement comme l’enseignement et la santé.
+Manque de cohésion gouvernementale+
Tous ces facteurs ont influé sur la constitution et la composition de la majorité et de l’opposition, a-t-il estimé soulignant que « la majorité manque ainsi de cohésion. »
De son côté, Anas Machichi de l’université Sidi Mohamed Benabdellah de Fès, a noté qu’il est « difficile d’évaluer l’action du gouvernement en ce sens car sa constitution a été ardue après l’échec d’Abdelillah Benkirane à former un exécutif. »
Ceci a fait que les promesses politiques sont absentes du programme du gouvernement El Othmani, a-t-il affirmé relevant que les divergences entre ses composantes sont encore plus marquées que dans celui de Benkirane.
+Attentisme face au Hirak Rif+
Résultat des courses, cela a rendu difficile d’avoir « un programme gouvernemental consensuel » car la préoccupation première était de former un exécutif à n’importe quel prix et dans les meilleurs délais.
De même le Hirak du Rif et « l’attentisme dont le gouvernement a fait preuve » face à ces protestations ont contribué, selon lui, à « la faiblesse de ses réalisations » surtout que l’exécutif est accusé de « trahison » par les activistes du Hirak, notamment en ce qui concerne le volet purement économique et social.