Par Mohamed Saïd Saâdi
Économiste et ancien ministre
La thèse de l’exceptionnalisme marocain – le Maroc, un havre de paix dans une zone de fortes turbulences – a été brutalement remise en question par le mouvement social du Rif. Depuis plus de huit mois, le Maroc vit au rythme du Hirak du Rif, le mouvement de contestation populaire et sociale enclenché à la suite du décès tragique de Mohcine Fikri, marchand de poissons broyé par un camion-benne en octobre 2016 à Al Hoceima.
La persistance de ce mouvement social en dit long sur les faiblesses structurelles dont souffre le Maroc et qui provoquent régulièrement des protestations dans différentes villes et localités du pays. Celles-ci sont générées par le sentiment d’injustice sociale, d’humiliation et d’arbitraire éprouvé quotidiennement par les couches modestes de la population. Sentiment renforcé par la corruption et les situations de rente, le manque de perspectives pour les jeunes et les défaillances des services sociaux.
Ces inégalités sociales et spatiales révèlent l’incapacité des choix économiques et sociaux des responsables à répondre aux attentes de la population. Ainsi, sans remonter très loin dans le temps, les années 2000 ont vu prospérer une petite minorité proche du pouvoir politique, qui a engrangé les bénéfices de la libéralisation et de la privatisation de l’économie marocaine sans que cela se traduise par des gains de productivité, par la création d’emplois décents ou par un meilleur développement humain.
Il en a résulté une forte concentration des richesses et une polarisation sociale qui ont fortement contribué au déclenchement du mouvement du 20 février 2011. Le roi lui-même, en 2014, a posé la problématique de la création et de la redistribution des richesses au Maroc.
À partir de 2012, à la suite de la crise de la zone euro et de la dégradation des équilibres macroéconomiques, des mesures draconiennes d’austérité budgétaire (décompensation des produits pétroliers, compression de la masse salariale dans la fonction publique, « réforme » partielle des retraites, baisse des investissements publics) ont impact le niveau de vie et le moral de larges couches de la population. D’où une recrudescence des mouvements sociaux et des manifestations, dont 11 000 ont été recensés pour la seule année 2016, selon une récente déclaration du porte-parole du gouvernement.
La reprise des contestations populaires qu’illustre le Hirak du Rif révèle également une crise de l’intermédiation politique traditionnelle et trahit la forte concentration des pouvoirs autour du Palais. À ce sujet, l’ancien du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a confié dernièrement au quotidien Akbar Al Yaoum ne pas avoir été associé à la conception du projet « Al Hoceima, phare de la Méditerranée » (lancé en octobre 2015), dont la non-réalisation a attisé les tensions sociales dans le Rif.
D’où une forte défiance des citoyens à l’égard des institutions (Parlement, partis politiques, syndicats organisations de la société civile) qu’illustre, par exemple, la participation de seulement 25% des Marocains inscrits sur les listes électorales aux dernières législatives.
C’est dire que, sans changement de cap, le pays risque de s’installer dans une instabilité sociopolitique dont les conséquences seront dommageables pour l’avenir.
Il s’agit notamment de changer de modèle de développement en faveur d’une alternative visant à édifier un État démocratique, développeur et social.
IL se trouve que ce monsieur est l’un de ces responsable, procréateurs de ces démons dont il a l’audace de cité dans son article………… Vivons cachés, vivons semi-heureux……….