Hirak Rif – Ilyas El Omari sort de son silence: « Ceci est mon message… »

Ilyas El Omari, l’enfant du Rif, leader du PAM et Président de la région Tanger, Tetouan et Al Hoceima est sorti ce lundi de son silence. Un geste tant attendu par les gens d’Al Hoceima et par la classe politique en général.

Que dit Ilyas El Omari ?

Voici le contenu de son message dont Article19 a reçu une copie en langue Arabe :

« A mes proches, les enfants de mon village et à tous les enfants de mon pays,

Je m’adresse à vous dans ces moments difficiles que nous vivons tous, et je commence par faire savoir que si j’avais gardé le silence sur ce qui se passe dans mon village et ses environs, et à d’autres endroits de la région et du pays, ce n’est ni une lâcheté, ni une fuite, ni parce que je n’ai pas de réponse, mais parce que je suis convaincu que le silence à certains moments constitue un triomphe pour la nation et les populations, ça ne me fait pas mal que ce soit au détriment de ma réputation et de ma personne, et ce n’est pas dans mes habitudes de m’étendre dans les déclarations pour me transformer en leader au détriment de l’intérêt de mon pays…

Que puis-je dire comme élu et comme acteur politique ? Est-ce que je vous raconte l’histoire pour que vous sachiez qui est responsable ? Ou bien, me taire par patience et pleurer des larmes et du sang seul pour préserver les autres…

Oui, j’ai pris dès le début à aujourd’hui une grande responsabilité… de choses importantes et de choses dont je n’étais pas partie prenante et n’avais aucune relation avec elles ni de près ni de loin, et dont j’ignorais même l’existence… que puis-je dire ?

N’ont-ils pas dit que je suis responsable de ce qui s’est passé au Sahara, et je me suis tu ?

N’ont-ils pas dit que j’étais responsable de tout ce qu’a connu le Maroc comme panne, et je me suis tu ?

N’ont-ils pas dit que j’étais derrière tous les malheurs qui ont frappé mon pays et d’autres pays, et je me suis tu ?

Et ils ont dit que je suis derrière la réussite, l’échec, la fuite et l’arrestation d’un tel et d’un tel, et je me suis tu.

Et que je suis derrière les nominations, les exclusions et les suspensions, et je me suis tu.

Aujourd’hui, ils annoncent que je suis responsable de la pauvreté, du chômage, de la marginalisation et de l’absence de la démocratie et des droits… et que je suis le traitre qui a vendu en échange et sans échange…et que j’ai crée un parti sinistre né avec à sa bouche une cuillère en or et à sa main une baguette magique qu’il suffit de secouer pour tout réaliser…

Mes proches, parmi les amis et les adversaires, que puis-je vous dire ?

J’ai pris l’engagement et j’ai promis à ce lui qui m’a appris les premières lettres de l’alphabet que je mettrai l’intérêt de la nation au dessus de ma réputation et de ma personne, et je ne suis pas de ceux qui agissent par réaction…

Peut-être vous rappelez-vous qu’en tant qu’élu responsable de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, j’ai parlé avec sagesse et ce qu’exigent le respect au gouvernement et l’écoute des populations, et j’ai écrit au secrétariat du gouvernement au tout début de ce qui a été désigné par la fronde du Rif, et j’ai parlé plusieurs fois et à maintes reprises avec la plupart de ses ministres pour qu’ils interviennent d’urgence avant qu’il ne soit trop tard.

Il y a ceux qui m’ont répondu par écrit pour me dire que je n’ai pas le droit de lui écrire, alors qu’est ce qu’il aurait répondu si on lui avait demandé de réaliser en partie ou en totalité les revendications des populations… j’ai insisté plus d’une fois sur les revendications. Le jour viendra où je dirai beaucoup de choses à propos de ceux auxquels j’ai demandé d’écouter les voix élevées dans la région.

Pour l’histoire, personne ne m’a demandé d’intervenir en mon nom personnel ou en ma qualité d’élu ou partisane, le gouvernement s’est déplacé à Al Hoceima et j’ai lu l’information dans la presse comme tout le monde, et les protestataires ont annoncé les rendez-vous de leurs manifestations et j’ai également lu l’information dans la presse…

J’ai attendu que le gouvernement me réponde sur mes propositions…et après, j’ai pris l’initiative et j’ai dit que les portes du dialogue de l’institution de la région sont ouvertes, et j’ai attendu la réponse, il y a ceux qui ont répondu favorablement, et nous œuvrons ensemble à résoudre les problèmes comme nous pourrons, et il y a ceux qui ont gardé le silence, et il y a ceux qui ont boycotté l’initiative et dit de mauvaises choses à l’égard de ma personne dont il n’y a pas lieu d’en parler…

Oh mes proches et enfants de mon pays…

Vous devez savoir que je connaissais personnellement feu Mohcine Fikri, il me contactait même avant que je ne sois le président de la région et du parti soit pour discuter et blaguer ou pour résoudre un problème… Fikri, pour moi, ne représentait pas seulement la souffrance, la misère, et l’oppression… Fikri, pour moi, est tout ça et plus, il était un ami personnel…

Mohcine Fikri est le fils de ce fquih qui était président de la commune municipale d’Imzouren, je l’ai connu pendant les années des protestations alors que j’étais enfant, je criais et dormais dans la rue à la recherche de la liberté et de la dignité, il m’a pris par la main et m’a conseillé avec une sagesse dont je me rappelle à chaque crise… et je lui ai rappelé cela lorsque je l’avais rencontré avec son fils à Al Hoceima… je lui ai dit : mon oncle tu n’es pas seulement le père d’un ami, ou le père d’un martyre…mais tu es la sagesse qui m’a beaucoup aidé à survivre jusqu’à aujourd’hui…

C’est pour ça qu’à sa mort j’ai pleuré et demandé à mes camarades dans le parti à faire partie des protestations dans le cadre de la loi pour exiger, non pas l’emprisonnement de ceux derrière l’incident tragique, mais la fin de la situation et des circonstances qui étaient à l’origine de la mort de Mohcine Fikri et d’autres avant lui… et si ces circonstances ne sont pas éradiquées d’autres mourront…

Oh mes proches et enfants de mon pays…

Que voulez-vous ? Que je publie un communiqué dans lequel j’impute la responsabilité à l’une ou l’autre des parties, que je condamne le gouvernement, que je déclare la désobéissance, que je présente ma démission pour que certains affirment que je suis un champion, et c’est celui-là Ilyas El Omari que nous connaissions… Non, je ne le ferai pas…je suis prêt à supporter toutes les formes de diffamations, d’insultes et d’humiliation que me transformer en leader en papier au détriment des souffrances des populations de mon village et ceux de mon pays…

J’ai appris à être patient alors que j’étais enfant, j’étais affamé et j’ai patienté, pieds nus et j’ai patienté, dormant sous les arbres sans matelas ni couverture et j’ai patienté, en fuite et j’ai patienté, chassé et privé d’enseignement, de santé et de logement et j’ai patienté, privé dans mon enfance de l’affection maternelle et paternelle et j’ai patienté, j’était trahi par mes amis avant mes adversaires et j’ai patienté, car on m’a inculqué que la patience était la clé du soulagement, et j’ai patienté car je ne voudrais pas que je sois autre chose que moi…

J’ai appris des livres des camarades et les expériences que l’éradication de l’oppression et des oppresseurs est une guerre de longue haleine, et la guerre est faite de batailles, et les batailles des victoires et des défaites…et moi je préfère perdre des batailles et non pas la guerre…

Il y a beaucoup à dire et je le dirai le moment opportun, et il ne s’agit ni d’une menace ni de révélations de secrets, ni autre chose… comme je l’ai dit dans un de mes précédents tweets, j’ai promis à une personne chère pour moi de ne pas révéler ce que j’ai su et vécu tout au long de ma vie qu’à lui, et je continuerai à l’attendre jusqu’à ce qu’il soit libéré de ses occupations…

Oh mes proches et enfants de mon pays…

J’ai pris une décision à la suite des conseils et des contacts de camarades et d’amis de cette partie ou de l’autre, et j’ai pris l’initiative en tant président de la région pour ouvrir un dialogue que j’ai placé sous les auspices, non seulement de la région, mais entre les mains de toutes les consciences vives et entre les mains de tous ceux qui veulent l’intérêt de la région et du pays…il s’agit d’un pas qui n’est pas contre quelqu’un, qui ne triomphe ni pour celui-ci ni pour celui-là, un pas qui triomphe pour la vertu du dialogue et la grâce de la stabilité dans la dignité et les droits de l’homme… » Fin

Article19.ma