Les combattants de Daesh se réfugient en Libye, exploitant l’instabilité dans le pays et la porosité de ses frontières.
Après avoir subi de nombreux revers en Syrie, l’Etat islamique (EI) s’est retiré en Libye, exploitant la porosité des frontières du pays et l’absence de toute autorité centrale.
Daesh a profité du désordre en Syrie et en Irak. Le même scénario se reproduit aujourd’hui en Libye, où la situation chaotique offre le même terreau fertile au terrorisme, mettent en garde les analystes.
« Beaucoup d’éléments concordent pour confirmer ce constat », explique à Magharebia le politologue Abdul Hakim. « Abu Bakr al-Baghdadi a déclaré il y a quelques jours que la Libye représente une porte stratégique pour le regroupement de tous les jihadistes du monde. D’autant plus qu’elle est ouverte et se distingue par ses ressources. »
Il ajoute : « Après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, la Libye s’est transformée en un réservoir humain pour les combattants ainsi qu’en une scène et des camps pour l’entraînement des groupes jihadistes extrémistes. »
Depuis que l’étau s’est resserré autour des groupes radicaux en Syrie et ailleurs, les combattants ont commencé à venir en Libye ; l’attrait du pays pour les terroristes est évident, souligne-t-il.
« La Libye est un terrain ouvert qui n’est pas contrôlé par l’Etat central. Les frontières ne sont pas surveillées. C’est ce qui fait qu’il est plus facile de mener des opérations en Libye et de bouger facilement de la Libye vers d’autres pays », ajoute cet ancien journaliste.
Les combattants viennent de Syrie, de Tunisie, du Maroc, d’Algérie, d’Afghanistan, de Tchétchénie, du Pakistan et d’autres pays encore, et se rendent à Sabratha, Misrata, Syrte et Derna, poursuit Maatouk.
Les habitants de Derna ont proclamé leur allégeance à Abu Bakr al-Baghdadi il y a des mois, explique-t-il.
Daesh a également implanté l’un de ses sièges à Syrte, précise-t-il.
L’ATTRAIT DU DJIHÂD …
Comme il l’explique à Magharebia, les signes de la présence de Daesh sont visibles au travers des nombreux actes criminels commis dans la région.
« Les dernières opérations en date sont celles qui ont visé la Banque centrale de Benghazi… Il y a également eu l’attaque contre l’Hôtel Corinthia », rappelle Maatouk.
Dix personnes ont été tuées lorsque des militants se faisant appeler l’Etat islamique à Tripoli ont attaqué cet hôtel de Tripoli le 27 janvier.
L’un des leaders des Frères musulmans en Libye, qui a préféré garder l’anonymat, a expliqué que la présence de Daesh était encore limitée dans le pays.
« Leur présence est quasi inexistante dans l’est de la Libye », indique cet analyste.
« Mais il faut reconnaître que des jeunes ayant les idées de Daesh viennent en Libye pour le soutenir en guise de solidarité », ajoute-t-il. « Il est possible que leur nombre augmente. Nous espérons que cela n’arrivera pas. »
Article19.ma / Magharebia