Événement – Référendum en turquie : résultats serrés, le oui l’emporterait

Les Turcs auraient voté dimanche, à une faible majorité, en faveur du renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, selon des résultats partiels. Dénonçant des manipulations, l’opposition va contester les résultats.

Quelque 55,3 millions de Turcs étaient appelés à se rendre aux urnes dimanche pour se prononcer par référendum sur une révision constitutionnelle qui prévoit notamment la suppression du poste de Premier ministre au profit d’un hyperprésident qui concentrerait entre ses mains de vastes prérogatives. Les deux principaux partis d’opposition ont dénoncé des «manipulations», alors que des résultats partiels donnaient une courte victoire au oui.

Après dépouillement de 95% des bulletins de vote, le oui l’emporterait avec 51,8%, selon un journaliste spécialiste de la Turquie. Le non l’a emporté dans les plus grandes villes, notamment à Istanbul et à Ankara.

Les régions peuplées en majorité de Kurdes au sud-est du pays ont massivement voté contre l’accroissement des prérogatives du chef de l’Etat.

L’opposition conteste une décision du Conseil électoral

Le Conseil électoral supérieur turc (YSK) a annoncé en plein référendum que les bulletins ne comportant pas le tampon officiel du bureau de vote seraient tout de même valides, suscitant une levée de boucliers de l’opposition.

Le scrutin contenait un bulletin unique marqué d’un sceau officiel, séparé en deux: un côté blanc portant le mot «oui», un brun avec le mot «non». Pour voter, les Turcs devaient marquer le côté qu’ils souhaitaient avec un tampon marqué du mot «Préférence». Mais dans l’après-midi, le YSK a annoncé, dans une déclaration publiée sur son site, avoir reçu de nombreuses plaintes affirmant que certains électeurs s’étaient vu remettre des bulletins de vote sans tampon officiel.

Il a ainsi été décidé que les bulletins concernés seraient tout de même considérés comme valides, «à moins qu’il y ait des preuves qu’ils aient été apportés de l’extérieur». L’opposition s’est insurgée contre cette décision qui pourrait, selon elle, faire pencher la balance en faveur du oui dans ce scrutin âprement disputé. Bülent Tezcan, secrétaire-général adjoint du premier parti d’opposition, le CHP (social-démocrate), a dénoncé sur la chaîne CNN-Türk une «violation». Et le deuxième parti d’opposition, le HDP, a fait savoir sur Twitter qu’il allait contester les votes provenant de «deux tiers» des urnes.

Après une tentative de putsch avortée il y a neuf mois, Recep Tayyip Erdogan, 63 ans, issu du Parti de la justice et du développement (AKP), disposerait si le oui est confirmé d’un pouvoir considérablement renforcé et pourrait en théorie rester président jusqu’en 2029. Les ministres seront nommés par le président et ne rendront des comptes qu’à lui. Le chef de l’Etat aura également la possibilité d’adhérer à un parti, ce qui lui est interdit dans la version actuelle de la Constitution.

Parmi les nouvelles prérogatives du président, l’une d’elle lui permettra de dissoudre le parlement, même s’il remettra de fait son mandat en jeu, puisque les deux élections (présidentielle et législative) devront désormais être simultanées. Sa main mise sur le pouvoir judiciaire sera renforcée. Le président turc pourra nommer douze des quinze membres de le Cour constitutionnelle et six des treize membres du Haut Conseil, qui nomme juges et procureurs.

EN IMAGES. Référendum : les Turcs se rendent aux urnes

Source: leparisien.fr

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