Addis-Abeba : le discours de la sagesse

Par Ali Bouzerda

Le roi Mohammed VI a fait rentrer son pays par la grande porte au sein de cette forteresse africaine qu’est l’Union Africaine. Pendant des décennies, les ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc ont profité de « la chaise vide » pour raconter tout ce qu’ils leur passent par la tête, manipuler l’information et instrumentaliser les rouages de cette organisation pour porter atteinte à l’image du Maroc.

Avec patience et sagesse, le roi du Maroc a su surmonter les obstacles et neutraliser la méchanceté parfois gratuite des adversaires du royaume.

En fait, les adversaires ne sont pas si nombreux comme on peut l’imaginer mais un seul : l’Algérie. Et ce voisin de l’Est a inventé des mythes et des histoires pour montrer « le méchant loup » à certains leaders de pays africains qui ont la mémoire courte, à commencer par le clan Zuma. Ce dernier aurait dû au moins relire les manuels d’histoire pour avoir une petite reconnaissance envers le Maroc du temps de la lutte contre l’Apartheid.

Le vieux sage africain, Nelson Mandela ne s’est-il pas rendu au Maroc pour recevoir l’aide nécessaire ? A cette époque, le partenaire algérien recevait lui aussi les fonds et les armes du Maroc afin de poursuivre sa guerre d’indépendance. Tout ça semble lointain et les adversaires du Maroc refusent de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur car ça leur rappelle l’ingratitude et la trahison à certains idéaux communs.

Bref, le roi Mohammed VI a tourné la page tout en soulignant que le retrait du Maroc de l’OUA « était nécessaire”. Puis le souverain a abordé l’avenir avec cette belle métaphore :

« Il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence ! Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé ! L’Afrique est Mon Continent, et Ma maison.

Je rentre enfin chez Moi, et vous retrouve avec Bonheur. Vous M’avez tous manqué… »

En mettant fin à l’approche du « siège vide », le Maroc est retourné à sa place au sein de cette organisation africaine. « Le Maroc ne rentre pas dans l’Union Africaine par la petite, mais par la grande porte, » a bien souligné le roi. Et il faut bien le noter, le Maroc s’amène avec des idées, un savoir faire et un business plan pour le développement socio-économique du continent africain.

Le roi dit ce qu’il pense et fait ce qu’il dit. Et dans cet ordre d’idées, il a rappelé les points suivants :

— ‘’Depuis l’an 2000, le Maroc a conclu, dans différents domaines de coopération, près d’un millier d’accords avec les pays africains.

A titre de comparaison, savez-vous qu’entre 1956 et 1999, 515 accords avaient été signés, alors que depuis 2000, il y en a eu 949, c’est-à-dire près du double !

— Au cours de chacune des 46 Visites, que J’ai effectuées dans 25 pays africains, de nombreux accords dans les secteurs public et privé ont été signés. Notre action s’est particulièrement attachée à la question de la formation qui est au cœur de notre coopération avec les pays frères. Ainsi, des ressortissants africains ont pu poursuivre leur formation supérieure au Maroc, grâce aux milliers de bourses qui leur ont été accordées.

— Par ailleurs, des projets stratégiques d’envergure ont été mis en place lors de Mes visites dans ces pays :

En premier lieu, J’ai eu le plaisir d’initier le projet de Gazoduc Africain Atlantique, avec Mon frère Son Excellence Monsieur Muhammadu Buhari, Président de la République Fédérale du Nigéria.

Ce projet permettra naturellement l’acheminement du gaz des pays producteurs vers l’Europe. Mais, au-delà, il bénéficiera à toute l’Afrique de l’Ouest.

Il contribuera, en effet, à structurer un marché régional de l’électricité, et constituera une source substantielle d’énergie au service du développement industriel, de l’amélioration de la compétitivité économique et de l’accélération du développement social.

— En second lieu, dans le cadre de projets visant à améliorer la productivité agricole et à favoriser la sécurité alimentaire et le développement rural, des Unités de production de fertilisants ont été mises en place avec l’Ethiopie et le Nigeria. Les bénéfices de ce projet s’étendront à l’ensemble du continent.

Nous le savons : ce ne sont ni le gaz, ni le pétrole qui satisferont les besoins alimentaires de base ! Or, le grand défi de l’Afrique n’est-il pas sa sécurité alimentaire ?

— C’est le sens de l’Initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine au changement climatique, dite « Initiative Triple A », que nous avons promue lors de la COP.22. Elle constitue une réponse innovante et extrêmement concrète aux défis communs posés par les changements climatiques.

— Faut-il rappeler que nous avons toujours été présents, lorsqu’il s’est agi de défendre la stabilité du Continent ?

Ainsi, depuis son indépendance, le Maroc a participé à six opérations de maintien de la paix des Nations-Unies en Afrique, déployant des milliers d’hommes dans les différents théâtres d’opération. Les troupes marocaines sont, aujourd’hui encore, déployées en RCA et RDC. De même, le Maroc a mené des médiations qui ont permis de faire avancer substantiellement la cause de la paix, notamment en Libye et dans la région du Fleuve Mano.

— A l’intérieur de Mon pays, les Subsahariens sont accueillis dans les termes que nous avions annoncés : plusieurs opérations de régularisation ont été lancées ; la première phase avait déjà bénéficié à plus de vingt-cinq mille personnes. La deuxième vient d’être lancée avec succès, il y a quelques semaines, selon le même esprit de solidarité et d’humanisme. Nous sommes fiers de ces actions.

 Toutes ces actions constructives, en faveur des immigrés, ont ainsi justement conforté l’image du Maroc, et renforcé les liens que nous avions d’ores et déjà constitués.

— Nous avons participé à l’avènement de cette belle construction panafricaine, et nous souhaitons tout naturellement y retrouver la place qui est la nôtre.

Pendant toutes ces années, et sans ressources naturelles, le Maroc est devenu un pays émergent, à l’expertise reconnue ; il est aujourd’hui l’une des nations les plus prospères d’Afrique.

Le Maroc a toujours considéré qu’il faut d’abord puiser sa force, dans l’intégration de sa sous-région maghrébine.

Or, force est de constater que la flamme de l’UMA s’est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu ! Nos concitoyens maghrébins ne comprennent pas cette situation.

— Il est temps que les richesses de l’Afrique profitent à l’Afrique.

Nous devons œuvrer afin que notre terre, après avoir subi des décennies de pillages, entre dans une ère de prospérité.

Certes le colonialisme n’est pas la seule cause des problèmes de l’Afrique. Toutefois, ses effets néfastes perdurent.

Pendant longtemps, nous avons tourné notre regard ailleurs, pour prendre une décision, un engagement.

N’est-il pas l’heure de faire cesser ce tropisme ? N’est-il pas l’heure de nous tourner vers notre continent ? De considérer ses richesses culturelles, son potentiel humain ?’’

A bon entendeur salut!

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