lors que les bureaux de vote ont fermé à 23 heures en Italie, les premiers sondages sortie des urnes indiquent une victoire massive du «non» au référendum constitutionnel organisé par le Premier ministre Matteo Renzi. Le non réaliserait un score situé entre 54 et 58% contre 42 à 46 % pour le oui, un résultat qui devrait conduire M. Renzi à démissionner. Le chef du gouvernement devait s’exprimer vers minuit.
Matteo Salvini, chef de la Ligue du Nord, mouvement populiste et anti-immigration, avait aussitôt après l’annonce des premiers résultats invité M. Renzi à démissionner avant des élections anticipées sans plus tarder.
Les 46 millions d’électeurs italiens se prononçaient par référendum sur une réforme constitutionnelle qui s’est transformée, en pleine vague populiste, en plébiscite pour ou contre le chef du gouvernement de centre gauche.
Italy, constituitional referendum, RAI exit poll:
Yes: 44%
No: 56%#referendumcostituzionale #referendum #matitecancellabili pic.twitter.com/4BCoepEO8F— Europe Elects (@EuropeElects) December 4, 2016
Les derniers sondages autorisés, il y a deux semaines, donnaient 5 à 8 points d’avance au non, mais avec encore beaucoup d’indécis. Le taux de participation définitive frôlerait les 70% ce dimanche soir selon les médias italiens. La participation avait atteint 57,22% à 20 heures, un chiffre qui traduit une forte mobilisation de l’électorat. Selon le ministère de l’Intérieur, la participation avait atteint une moyenne de 20% à midi, avec une mobilisation nettement plus forte dans le Nord que dans le Sud. La participation était ainsi de 27% à Bologne (nord) et de 10% à Agrigente (Sicile, sud).
VIDEO. Italie : référendum sur la réforme constitutionnelle
Les pouvoirs du sénat étaient menacés
Le scrutin portait sur une réforme constitutionnelle qui prévoit une réduction drastique des pouvoirs du Sénat, une limitation des prérogatives des régions et la suppression des provinces, l’équivalent des départements français. Le sénat italien est actuellement doté des mêmes pouvoirs que la Chambre des députés. Mais si le oui l’avait emporté, le sénat n’aurait plus voté la confiance au gouvernement et ne se serait plus prononcé que sur les lois constitutionnelles, la participation de l’Italie à l’UE ou encore la protection des minorités linguistiques. De 315 membres élus au scrutin universel, il serait passé à 100 membres nommés. La réforme soumise à référendum limitait aussi les attributions des régions et supprimait les 110 provinces, des entités territoriales intermédiaires entre les 20 régions et les 8.000 communes.
Beppe Grillo veut faire tomber Renzi
M. Renzi a assuré plusieurs mois avant le scrutin qu’il démissionnerait en cas d’échec, et en l’absence d’alternative claire l’incertitude quant au résultat provoquait des sueurs froides en Europe et sur les marchés financiers, où l’on redoutait, après le choc du Brexit et la montée des mouvements populistes, une nouvelle phase d’instabilité dans la troisième économie de la zone euro. Après les résultats des élections en Autriche, marqués par l’échec de l’extrême droite à ravir la présidence de la République, les hiérarques européens attendaient donc avec fébrilité les résultats du référendum italien.
Compte tenu des inquiétudes à l’étranger, le président américain Barack Obama, la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avaient ouvertement appelé à voter oui.
Une vaste majorité de la classe politique, de la droite classique aux populistes du Mouvement 5 Etoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, en passant par tous les extrêmes et même des «frondeurs» du Parti démocrate (PD) de M. Renzi, appellait à voter «non» en dénonçant une trop forte concentration des pouvoirs dans les mains du chef du gouvernement.
L’humoriste Beppe Grillo, fondateur du Mouvement 5 étoiles, trés haut placé dans les sondages en cas d’élections législatives, avait exhorté vendredi les Italiens à voter «avec les tripes» pour défendre leurs libertés et leur indépendance.

L’humoriste Beppe Grillo et son mouvement 5 étoiles sont bien placés dans les sondages en cas d’élections législatives (AFP)
Cette opposition est également unie dans son désir de chasser M. Renzi, arrivé au pouvoir en février 2014 et omniprésent dans les médias et sur les réseaux sociaux pour défendre «sa» réforme, censée simplifier la vie politique dans un pays ayant vu défiler 60 gouvernements depuis 1948.
Renzi partira t-il après son échec ?
En cas de victoire du non, le M5S devrait réclamer des élections anticipées, mais le président Sergio Mattarella ne devrait pas dissoudre le Parlement avant une réforme définitive de la loi régissant l’élection des députés. Parallèlement à sa réforme constitutionnelle, le gouvernement Renzi a fait passer une réforme électorale, surnommée «l’Italicum», qui introduit une forte prime majoritaire pour la Chambre des députés et risque de rendre le pays ingouvernable si le Sénat reste puissant et élu à la proportionnelle.
La réalité d’un retrait de M. Renzi dépendra sans doute de l’ampleur du score. Même s’il présente la démission de son gouvernement, il pourrait en effet rester à la tête du PD, voire même être reconduit à la présidence du conseil. Mais il a répété qu’il ne prendrait jamais la tête d’un gouvernement «technique» chargé uniquement de réformer la loi électorale.

Source: leparisien.fr
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