CRIMINALITÉ – Un vaste réseau de blanchiment démantelé entre l’Europe et le Maroc

Un système bancaire parallèle: voilà ce qu’ont démantelé les enquêteurs européens qui décrivent un réseau tentaculaire de blanchiment d’argent de la drogue entre le Maroc, la France, la Belgique et les Pays-Bas.

Une affaire « exceptionnelle, hors normes », ont souligné ce mardi à Marseille, lors d’une conférence de presse, les magistrats et enquêteurs ayant participé à l’opération. Les enquêteurs européens ont démantelé un gigantesque trafic de blanchiment d’argent de la drogue, entre la France, le Maroc, la Belgique et les Pays-Bas.

Les montants donnent en effet le tournis: « il a pu être tracé 75 millions d’euros entre août 2015 et novembre 2016 » qui ont transité en France par ce réseau, a expliqué le procureur de la République de Marseille. A l’échelle internationale, les estimations « portent ces opérations de blanchiment à près de 400 millions d’euros sur les quatre dernières années ».

Au-delà de la saisie globale, la deuxième plus importante de l’année, d’une valeur de 6,5 millions d’euros environ – plus de 5 millions d’euros entre la France et la Belgique, 7 kilos d’or, 10 kilos de cocaïne, ainsi que 785 kilos de cannabis – les montants blanchis impressionnent les spécialistes.

Un réseau bancaire parallèle

Le système découvert constitue, d’après les enquêteurs, un véritable réseau bancaire parallèle, un « Hawala » (système traditionnel de paiement informel, dans la culture arabe), dont la tête était au Maroc.

« On est au niveau au-dessus des réseaux de trafics » de drogue, a mis en avant le procureur. Des collecteurs récupèrent l’argent des trafics et le remettent à un niveau supérieur. L’organisation fonctionne ensuite par « compensation entre les pays », effaçant toute traçabilité tout en limitant les transferts internationaux.

425 enquêteurs, 50 personnes arrêtées en Europe, 20 mises en examen en France

L’enquête a nécessité la coopération des services d’enquête européens, constituée pour l’occasion, et agissant sous la direction de la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille.

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a félicité mardi « les gendarmes des sections de recherches de Paris, de Marseille, ainsi que les 425 enquêteurs et membres des unités d’intervention de la gendarmerie nationale (…) dont les investigations remarquables ont permis la neutralisation de ce réseau particulièrement actif ».

En France, l’affaire a donné lieu à 20 mises en examen, 18 mandats de dépôt, un contrôle judiciaire, ainsi que 3 mandats d’arrêt: un au Pays-Bas et deux au Maroc, dont la tête présumée du réseau. Une personne a souhaité un débat différé. Au total 50 personnes en Europe ont été arrêtées, la moitié sont aujourd’hui détenues.

Source: bfmtv.com

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