Prise d’otages à Sydney : l’Australie fait face à la menace djihadiste

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Malgré la stupeur engendrée par la prise d’otages qui immobilisait lundi 15 décembre la ville de Syndey, l’Australie ne découvre pas aujourd’hui qu’elle est une cible potentielle pour les terroristes. Elle se prépare depuis plusieurs mois à cette éventualité, par peur des représailles de son engagement contre le terrorisme.

Le gouvernement du premier ministre Tony Abbott a en effet durci ses lois antiterroristes et fait passer au début de septembre son niveau d’alerte de« moyen » à « élevé » pour la première fois depuis 2013, une mesure qui signifie que, sans nécessairement être imminent, « un attentat terroriste est probable ».

Alliée de longue date des Etats-Unis et membre de la « coalition » qui a envahi l’Afghanistan et l’Irak, le pays a pris part à la « guerre contre le terrorisme » des Etats-Unis. Un engagement qui se poursuit avec sa participation aux bombardements contre l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie. L’armée australienne a déployé six cents militaires aux Emirats arabes unis et a livré du matériel militaire, des armes et des munitions aux Kurdes.

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  • 2002 : 88 Australiens tués dans les attentats de Bali

L’Australie avait été durement frappée par le terrorisme islamiste lorsque des bombes avaient explosé le 12 octobre 2002 à Bali, en Indonésie, considérée parfois comme une sorte de « Sydney-Plage », à quelques heures de vol. Les attentats avaient fait deux cent deux morts, dont quatre-vingt-huit Australiens. En 2005, une nouvelle série d’attaques à Bali avait fait vingt morts, dont quatre Australiens, et cent vingt-neuf blessés, dont dix-neuf Australiens.

Le pays a également fait face à plusieurs alertes : en 2005, cinq hommes étaient arrêtés et condamnés à des peines allant de vingt-trois à vingt-huit ans d’emprisonnement pour avoir préparé une série d’attaques à Sydney. Les enquêteurs avaient alors saisi des armes, des munitions, des modes d’emploi pour la fabrication d’armes chimiques ou des vidéos de décapitation. En 2009, quatre hommes liés aux chabab somaliens, suspectés de préparer une attaque terroriste contre des installations militaires dans la région de Sydney étaient arrêtés et condamnés, pour trois d’entre eux, à dix-huit ans de prison.

  • 2014 : des opérations d’envergure contre des cellules djihadistes

A la fin de septembre, un jeune homme soupçonné de « terrorisme » par le renseignement australien avait blessé deux policiers à coups de couteau avant d’être abattu, au lendemain d’appels lancés par l’Etat islamique exhortant les musulmans à tuer des ressortissants occidentaux.

Quelques jours plus tôt, la police avait annoncé l’arrestation de quinze personnes, disant avoir déjoué des assassinats par des djihadistes qui auraient notamment eu l’intention de filmer la décapitation de civils. Il s’agissait de l’opération la plus importante de ce type jamais organisée dans le pays.

Une affiche incitant les habitants de Sydney à dénoncer tout comportement suspect ou sac abandonné.

  • Des lois de plus en plus restrictives

Le 30 octobre, le gouvernement de Tony Abbott a durci les lois antiterroristes,interdisant désormais tout voyage vers les pays considérés comme des foyers du terrorisme international, dans l’espoir d’empêcher le départ d’aspirants au djihad pour la Syrie ou pour l’Irak. Selon les chiffres officiels, près de soixante-dix citoyens australiens seraient déja partis combattre dans des groupes terroristes, vingt d’entre eux seraient revenus en Australie et une centaine d’autres apporteraient un soutien financier ou aideraient au recrutement.

Avec ces nouvelles mesures, l’exécutif australien veut criminaliser tout déplacement, sans raison valable, dans une zone déclarée comme étant le théâtre d’activité d’une organisation terroriste ennemie. La peine maximale encourue sera de dix ans de prison. Un service d’enquête et d’intervention spécialisé dans la neutralisation des aspirants au djihad a également été créé. Habilitée à surveiller, à interpeller et à poursuivre les suspects, cette unité centralise le travail des différentes agences de renseignement concernées.

AFP