Des jeunes militants se sont récemment rencontrés à Rabat pour débattre de l’activisme politique dans le sillage de l’avancée vers la démocratie du monde arabe.
Cet événement, qui a eu lieu le 3 et le 4 décembre, avait été organisé par le Centre d’études des droits de l’Homme et de la démocratie (CEDHD), en coopération avec la Fondation Friedrich Ebert.
Amina Boghalb, une militante appartenant au Mouvement du 20-Février qui participait à la conférence, a évoqué l’Etat qui serait à l’origine, selon elle, de la réticence des jeunes à participer à la vie politique. Mais il n’est pas exclu que ce refus de l’implication dans l’action politique, chez les jeunes, relève également de la responsabilité des partis, a-t-elle ajouté.
« Si les partis sont désireux de rapprocher les jeunes de leurs bases, ils doivent tout d’abord commencer à se réformer, que ce soit au niveau des mécanismes d’engagement, au niveau des programmes et au niveau des idées », a-t-elle expliqué à Magharebia.
Elle a demandé aux partis de se tenir informés des changements survenant sur la scène politique marocaine, en particulier parce que les jeunes représentent dorénavant la catégorie la plus importante au sein de la société.
« J’estime que cela ne dépend pas seulement des partis, mais également de la responsabilité de l’Etat, qui devrait rester à l’écart des formations politiques marocaines et ouvrir la voie à une concurrence équitable et transparente entre ces dernières », a-t-elle ajouté.
Cette conférence a été l’occasion de déterminer la position des jeunes ayant contribué à ce mouvement, que ce soit au sein des partis politiques ou dans la société civile, selon El Habib Belkouch, président du CEDHD.
Elle s’est également intéressée à l’ampleur de l’interaction des partis politiques, et aux réponses apportées à l’expérience marocaine pour gérer ces dynamiques particulières.
Belkouch a expliqué que la situation actuelle avait permis d’explorer le sort réservé au mouvement démocratique dans la région arabe, notamment au Maroc, où les jeunes ont tenu un rôle de premier plan en réclamant l’expansion de la démocratie et des libertés.
+UNE IDÉE NE MEURT PAS…+
Malgré le prestige déclinant de ce collectif, Boghalbi a pris la défense du Mouvement du 20-Février.
« Le Mouvement du 20-Février est une idée, et une idée ne meurt pas, parce que je considère que les demandes qui ont émané de ce mouvement sont toujours d’actualité, et se posent encore sur le terrain », a-t-elle déclaré. « Il est vrai que le Mouvement du 20-Février ne rassemble plus autant de jeunes qu’à ses débuts, en 2011, mais ces derniers sont toutefois encore présents, de manière différente ».
Mohamed Hafid, professeur d’université, journaliste et ancien membre de l’Union Socialiste, a expliqué à Magharebia que personne ne pouvait douter de la capacité des jeunes à créer le changement.
Selon lui, nombreux étaient ceux qui pensaient que les jeunes ne se préoccupaient que de leurs problèmes individuels avant l’apparition du Mouvement du 20-Février.
« Ce mouvement a montré que les jeunes Marocains sont concernés par les affaires publiques, et qu’ils sont capables de descendre dans la rue pour y brandir des slogans politiques, et de lutter pour les défendre », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « Ce qui est important pour ce collectif, c’est le contexte dans lequel il est apparu, pendant ce que l’on a appelé Printemps arabe. C’est une dynamique que la région a vu émerger en un seul instant, elle a mené à des résultats rapides et elle a étonné de très nombreux observateurs au niveau régional et au-delà. Tout cela a donné une impulsion formidable au Mouvement du 20-Février et aux autres mouvements similaires dans plusieurs pays ».
Hafid souligne que le contexte historique a donné un élan vif à l’expérience du 20 février qui, pour la première fois, est parvenue à rassembler dans la rue différentes composantes de la société que certains décrivaient comme contradictoires.
Mais il estime que le Mouvement du 20-Février n’est pas parvenu à réaliser tous ses objectifs au niveau politique, reconnaissant parallèlement les conséquences importantes que cela a pu entraîner en terme de culture politique.
Magharebia/Article19.ma