Fécondation – Un bébé issu de “trois parents” est né

Le journal britannique New Scientist a révélé le 27 septembre que le premier bébé issu d’une nouvelle technique de fécondation utilisant l’ADN de trois personnes était né. Le petit garçon, âgé de 5 mois, serait en bonne santé.

Le petit garçon, né au Mexique le 6 avril 2016, selon le New Scientist, possède l’ADN de sa mère et de son père. Mais aussi un petit bout de code génétique appartenant à une donneuse. C’est la première naissance issue de cette technique controversée à “trois parents”.

Il s’agit d’une toute nouvelle méthode qui diffère légèrement de celle autorisée en février 2015 au Royaume-Uni, seul pays à avoir légiféré sur l’utilisation de l’ADN de trois personnes dans le cadre d’une fécondation in vitro.

L’équipe américaine, dirigée par le Pr John Zhang, s’est rendue au Mexique – où il n’existe pas de réglementation – pour mettre en œuvre cette nouvelle technique auprès d’un couple dont la femme est porteuse saine du syndrome de Leigh. Cette maladie, qui avait provoqué la mort prématurée des deux enfants du couple, est le résultat d’un dysfonctionnement des mitochondries, ces “batteries” qui fournissent leur énergie aux cellules.

Utiliser les mitochondries saines d’une donneuse

La technique utilisée consiste à “prendre tout l’ADN vital de l’ovocyte de la mère, ainsi que les mitochondries saines de l’ovocyte d’une donneuse afin de créer un nouvel ovocyte qui sera fécondé avec les spermatozoïdes du père”, explique le site BBCNews, schéma à l’appui. “Le résultat est un bébé dont 0,1 % de l’ADN vient de la donneuse (ADN mitochondrial) et tout le code génétique, pour des choses comme la couleur des cheveux ou des yeux, vient de la mère et du père”, détaille le site de la chaîne britannique.

De son côté, la méthode approuvée au Royaume-Uni implique la fécondation des deux ovocytes (celui de la mère et celui de la donneuse) par les spermatozoïdes du père. Les noyaux de chaque ovocyte fécondé sont ensuite retirés juste avant la formation d’embryons.

Puis le noyau de la donneuse est mis au rebut et remplacé par celui de l’ovocyte fécondé de la mère. “Mais cette technique n’était pas adaptée au couple, de confession musulmane, qui était opposé à la destruction de deux embryons”, écrit leNew Scientist.

Éthique et questions de santé

L’équipe a utilisé la nouvelle technique pour produire cinq embryons, dont un seul s’est développé normalement et a pu être implanté dans l’utérus de la mère, qui a ensuite vécu une grossesse normale. L’utilisation de cette technique soulève cependant de nombreuses questions éthiques. “Y compris la façon dont un enfant pourra se sentir avec l’ADN de trois personnes”, lance BBC News.

Une autre préoccupation concerne la santé de l’enfant. Pour le moment, moins de 1 % de ses mitochondries sont porteuses de mutations. “Un taux trop bas pour causer des problèmes”, assure le New Scientist, qui précise qu’il faut en général 18 % de mitochondries défaillantes pour que les problèmes commencent. “L’équipe devrait surveiller l’enfant afin de s’assurer que ce taux reste bas”, indique au New Scientist Bert Smeets, chercheur à l’université de Maastricht, aux Pays-Bas.

“Il y a des risques que les mitochondries défaillantes se répliquent plus efficacement et augmentent peu à peu leur nombre”, ajoute-t-il. Une crainte d’autant plus fondée qu’un article paru dans Nature en juillet décrit la dégradation de la santé d’une souris dont les ADN nucléaire et mitochondrial étaient différents.

Source : courrierinternational.com

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