Plusieurs manifestations ont eu lieu mercredi soir en plusieurs points de la Grande pomme à l’annonce de la décision d’un grand jury de Staten Island (banlieue de New York) de disculper un policier blanc à l’origine de la mort en juillet dernier d’un Noir.
La décision de l’assemblée de citoyens américains chargés de décider ou non d’une inculpation sur la base des éléments de l’enquête qui intervient deux semaines après un cas similaire dans la localité de Ferguson dans l’Etat du Missouri, est perçue comme « une nouvelle injustice » à l’égard de la population afro-américaine.
« Je suis choqué eu égard aux évidences contenues dans la vidéo (qui a circulé sur youtube) et le rapport du médecin légiste », a affirmé Jonathan Moore, l’avocat de la famille de M. Garnier, 43 ans mort lors d’une arrestation musclée en juillet dernier.
La décision de ne pas inculper l’agent Daniel Pantaleo, 29 ans, menace de raviver les tensions et d’établir un parallèle avec le cas de Michael Brown, jeune adolescent noir tué en août dernier par un policier blanc dans la banlieue de Saint-Louis au Missouri, estiment plusieurs analystes cités par les médias.
« Que le jury décide d’exonérer purement et simplement le policier est juste choquant », a poursuivi l’avocat cité par CNN.
Un sentiment partagé par les nombreux new yorkais qui se sont retrouvés dans la soirée à Times Square, au coeur de Manhattan, pour demander « justice pour Eric Garner, Michaël Brown, Ramerley Graham – jeune noir de 18 ans abattu en 2012 par la police – et bien d’autres ».
« Nous manifesterons chaque jour jusqu’à ce que justice soit rendue. Pas celle des Blancs des banlieues. Non! Celles de Ferguson et du Bronx (quartier de New York), là où les crimes ont été commis », a affirmé à la MAP Florence Johnson, une syndicaliste noire du quartier de Harlem, représentant le mouvement social « SEIU 1199 » (syndicat des employés des services de santé qui revendique quelque 2 millions d’adhérents en majorité aux Etats-Unis) .
« C’est à ces juridictions de décider s’il y a eu crime ou non », lance-t-elle avant de reprendre sa pancarte sur laquelle est inscrit « Respectez les droits de l’Homme » et de s’enfoncer dans la foule au cri « pas de justice, pas de paix » repris en choeur par les manifestants, en majorité des jeunes.
Amanda, une jeune femme également de couleur est venue de Brooklyn, l’une des cinq circonscriptions de la ville de New York, pour dire son ras-le-bol pour cette « autre erreur de la justice américaine ». Il est « frustrant que personne ne paie pour les crimes de Ferguson et de Staten Island », dit-elle à la MAP.
La colère est perceptible chez les marcheurs qui se dirigent « pancartes à la main » vers le Rockfeller Center, sur la 5eme avenue, à quelques blocs de Times Square, encadrés par un important dispositif de NYPD, la police de New York, et qui veulent la « justice maintenant » car « assez, c’en est assez », face à cette nouvelle décision, le signal, selon eux, de l’ »impunité ».
Un petit espoir toutefois dans cette foule « désabusée », l’ouverture d’une « enquête fédérale » comme annoncée plutôt dans la journée par le ministre américain de la Justice Eric Holder. Pourquoi pas, répond à la MAP Rashaad Ernesto-Green, un producteur de film indépendant new yorkais, originaire des Caraïbes. Elle serait même « bienvenue »! Mais pour l’heure, il ne se « fait pas trop d’illusion et préfère se « concentrer sur son art » pour dénoncer les « méthodes brutales » de la police.
Article19.ma/MAP