La suprématie américaine dans le domaine du cinéma toucherait elle
à sa fin ? Ce n’est pas la première fois que la Mecque du septième art se voit ainsi attaquée, mais cette fois-ci les assaillants disposent du nombre, de la puissance de feu et de la détermination.
La Chine, longtemps prodigue de péplums historiques aux décors de carton-pâte, s’est convertie aux superproductions hollywoodiennes. Le public accourt et les complexes multisalles champignonnent dans tout le pays. Face à ce qui pourrait devenir d’ici trois ans le premier marché du cinéma mondial, les plus grandes fortunes chinoises ambitionnent de dominer le futur Chinawood.
Jack Ma, le richissime fondateur d’Alibaba, achève tout juste une tournée des studios de production californiens, et le milliardaire Wang Jianlin, président du groupe immobilier Wanda, organise des charters de stars internationales dans l’empire du Milieu. Appâtés par les promesses du box-office chinois, les studios américains n’ont d’yeux que pour la Chine. Pourquoi pas? Après tout, comme le confiait John Ford en 1964 à la BBC, « Hollywood est un endroit géographiquement non défini, on ne sait pas vraiment où ça se trouve ».
On sait en revanche ce qu’on y trouve. Et certainement pas les ciseaux de la censure étatique. Les nouveaux nababs chinois devront, s’ils veulent poursuivre plus loin leurs rêves cinématographiques, convaincre Pékin de renoncer à couper les films ou à modifier les scénarios.
Mais, vu la surveillance aiguë qu’exerce actuellement le pouvoir sur Internet ou sur les médias, les hiérarques du Parti communiste ont toutes les chances de conserver le « final eut » dans les futurs blockbusters chinois.
Courrier International