Ping-pong

benabid_edito_2016_4Par  Mohamed BENABID

Il faut savoir parfois refouler son ego et les vieilles rancœurs. Si ce n’est qu’une question de méthodologie et de forme comme le proclament les syndicats, alors le chef de gouvernement doit avoir la sagesse de s’asseoir à la table des négociations. Que le cadre soit le «dialogue social» ou le dialogue tout court est un sujet mineur. Pourvu que la machine avance.

Si en revanche les vraies raisons sont à chercher du côté des calculs politiciens et de la démagogie dont notre écosystème connaît la recette, alors honte à tous ceux qui prennent la population et son économie en otage.
La retraite est tout sauf le punching ball idéal pour les rendez-vous de vengeance. La coalition gouvernementale avait, du moins jusqu’à cette crise, réussi le pari de se mettre en option favorable pour amorcer la réforme.

Cette mobilisation a même pu aboutir sur des ébauches de textes. Seulement le débat technique est aujourd’hui consommé. Il laisse la place aux impératifs d’agenda. C’est même toute la difficulté en ce moment, un projet technique ne peut marcher que s’il est porté au niveau politique. Or, au cas où on l’aurait oublié,  cette réforme n’est ni le projet du PJD, ni celui de l’opposition, et encore moins celui des syndicats.

Là où ça risque de devenir beaucoup plus inquiétant, c’est que le Parlement n’arrive pas  à adopter une ligne de conduite claire et cohérente sur un dossier de cette envergure. Un vrai mépris pour ceux qui attendent que le téléphone de la réforme sonne. Ils sont nombreux: les inactifs qui tiennent à préserver la longévité de leurs pensions, aussi faméliques soient-elles, et les fonctionnaires actifs, futurs retraités qui en rêvent.

A ce titre donc, la réforme des retraites n’a rien à gagner à devenir une balle de ping-pong politique.

Leconomiste.com / Article19.ma