Rarement l’islam n’a autant été l’objet d’une actualité brûlante et sanglante que par les temps qui courent. Il est même devenu un point de fixation mariné à toutes les sauces, conjugué à toutes les situations et sous tous les cieux, par les plus doctes et par le dernier des profanes. C’est ainsi que dans les têtes les moins averties et même sous les plumes les plus reconnues, l’islam n’a plus qu’une résonance, celle des bombes, des kamikazes, des assassinats de masse totalement aveugles. Bref, du terrorisme dans ses manifestations les plus abjectes et les plus abominables. La pluralité de l’Islam passe à la trappe, par la violence des évènements et par la force d’un amalgame qui décrète une singularité générique de l’islam ou toutes les fausses vérités sont permises.
Et pourtant, l’islam est plus que jamais pluriel. Entre les sunnites wahhabites de Daech ; qui ne sévissent pas seulement en Syrie et en Irak, mais un peu partout en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis, les chiites d’obédience iranienne, qui animent la guerre civile au Yémen et soutiennent Bachar El Assad en Syrie; et les néanmoins sunnites turcs qui tirent sur les combattants kurdes anti-Daech, alors que Daech est leur ennemi commun.
Entre toutes ces tendances qui s’entre-tuent et sèment la mort, chez les autres, il y a forcément quelques nuances. De même qu’entre la façon cette fin d’année du calendrier Julien est pour les saoudiennes qui viennent d’avoir le droit de voter pour se marier sans l’accord du père ou de l’oncle. Quoiqu’on en dise, cette femme mineure à vie n’a presque plus cours chez nous, hormis quelques réminiscences en fin de vie. Ce genre de parallèle parcourt quasiment toute la globosphère musulmane, parfois d’un pays à l’autre, à quelques entournures du tracé des frontières. Ceci pour dire que le bon milliard de musulmans qui pratiquent l’islam au quotidien, ne saurait être du kif-kif, à mettre dans un même panier conçu et cousu par l’Occident. Cette généralisation simpliste, mal intentionnée ou pas, n’est assurément pas faite pour favoriser un juste regard sur l’autre, sur ses convictions ancestrales et ses motivations actuelles. En somme, un regard intelligent qui fait la part des choses, en lieu et place des clichés surannés et des idées préconçues.
Source : Zamane