L’affaire Ben Barka, 50 ans de silence!

alibPar Ali Bouzerda

Bientôt, la famille Ben Barka évoquera dans le chagrin et la douleur, la disparition un vendredi après-midi dans « des conditions mystérieuses » de Mehdi. C’était le 29 octobre 1965, à Paris.

En essayant de remonter le temps grâce aux archives et aux témoignages de cette époque, on se rend compte que l’affaire Ben Barka était en fait « très mystérieuse ». Affaire où s’enchevêtrent politique marocaine, diplomatie internationale et intérêts des grandes puissances comme ceux de quelques escrocs français.

Bref, un long demi-siècle s’est écoulé sans que le voile soit levé sur le véritable mobile de l’assassinat ni sur le lieu de la dépouille de cette figure emblématique du socialisme marocain. Mehdi était « un homme de conviction, » et « un vrai socialiste, » disaient ses contemporains. Il était un leader charismatique, et non du genre « gauche caviar » et « opportuniste » de nos jours… Il travaillait sans relâche, voyageait beaucoup et s’activait sur les dossiers politiques sensibles marocains et internationaux, notamment la « Tri-Continentale ».

Opposant en exile et déjà condamné à mort par la justice marocaine, Mehdi est devenu du coup « un casse-tête chinois » pour ses adversaires, y compris pour le roi Hassan II. En un mot, une cible mobile que « les ennemis » (ils étaient nombreux) voulaient atteindre et neutraliser au plus vite par tous les moyens et stratagèmes.

Tous les témoins directs de cette « mystérieuse affaire » ont disparu, certains de mort naturelle, l’un des derniers d’entre eux (le 2 octobre 2015) l’infirmier Boubker Hassouni. Ancien agent secret du fameux Cab1, Hassouni, dit-on, aurait sombré dans un délire et une psychose hallucinatoire à la fin de ses jours à cause d’une « crise de conscience. » Les autres, comme Oufkir, Dlimi et leurs complices ont été emportés par une mort violente comme si le destin s’acharnait à appliquer cette loi du talion: oeil pour oeil…

L’affaire Ben Barka qui demeure en France – lieu du crime – un secret d’Etat avec un refus catégorique de déclassifier une partie importante de l’information liée à la disparition de Mehdi. Des agents secrets et des voyous français ont été mélés à cet assassinat que certains médias de l’Hexagone ont souvent qualifié d’affaire « maroco-marocaine ». Et comme par hasard, ils oublient que le SDECE, la CIA et le Mossad y ont bien joué des rôles dans le temps et dans l’espace à des degrés differents, bien évidemment.

« Les disparus ont la peau dure », disait l’autre, car ils ne peuvet être jetés aux oubliettes par les hommes politiques qui se succèdent au pouvoir. L’exemple d’un destin presque similaire serait celui de Che Guevara. Il a été exécuté en octobre 1967 par des militaires boliviens à la solde de la CIA et enterré dans un lieu inconnu, avant qu’on découvre sa dépouille dans une base militaire en Bolivie, en 1997.

Che Guevara est mort en tenue militaire de « Comandante » tandis que Mehdi qui était l’un de ses camarades de combat pour la liberté et la dignité, lui, est mort en homme de paix qui voulait trouver une solution aux problèmes politiques marocains par le dialogue. Il a été piégé non par manque d’intelligence, mais par la confiance dans « la parole des hommes. »

Afin d’éclairer nos lecteurs et sans verser dans la polémique ni jouer le rôle de ces « historiens de la 25ème heure, » on a séléctionné à +Article19.ma+ quelques témoignages d’une valeur historique réelle car ils ont côtoyé Mehdi Ben Barka et le connaissaient personnellement. Leurs écrits permettent de raffraichir la mémoire à ceux qui sont amnésiques face à un crime politique des plus odieux du 20ème siècle.

« On peut tuer un homme mais pas ses idées, » nous a-t-on appris sur les bancs de l’école…

N.B: Les articles seront mis en ligne à partir de samedi 24/10/2015

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