Drame – Quand l’Amérique renie ses promesses : Noori, l’interprète afghan des GI’s « sacrifié » sans pitié

— Le cas Noori n’est pas un fait divers. C’est le symbole tragique de la parole trahie et de l’honneur bafoué. Un homme qui a cru en l’Amérique pourrait bientôt être livré à ses bourreaux, sous les yeux du monde entier

Il a risqué sa vie aux côtés des soldats américains en Afghanistan, croyant aux promesses de liberté et de protection. Aujourd’hui, Sayed Naser Noori, ancien interprète et logisticien pour l’armée américaine, croupit en détention aux États-Unis, menacé d’une expulsion qui pourrait le conduire droit à la potence, sous le régime des talibans.

« Je croyais en vous. J’ai suivi vos règles. J’ai aidé votre armée. Aujourd’hui, je suis traité comme un criminel pour avoir fait exactement ce que vous m’avez demandé de faire », a déclaré Noori dans une lettre poignante lue à la presse, les larmes dans la voix de ses soutiens.

De héros de guerre à prisonnier de l’administration Trump

Sayed Naser Noori a travaillé comme interprète entre 2011 et 2013, puis comme entrepreneur en logistique jusqu’à la chute de Kaboul en 2021. Il a tout perdu : un frère assassiné par les talibans en 2023 en raison de leur collaboration avec les forces américaines, et l’autre réfugié aux États-Unis. Lui-même a survécu en se cachant, avant d’obtenir un visa humanitaire pour rejoindre légalement le sol américain en 2024.

Mais le 10 juin dernier, alors qu’il se rendait à une audience de routine pour sa demande d’asile à San Diego, il a été brutalement arrêté par les agents de l’immigration (ICE), devenant le premier interprète afghan publiquement connu à être piégé dans cette vague d’arrestations ciblées. Quelques jours plus tard, un juge a rejeté sa demande d’asile, ouvrant la voie à une expulsion accélérée, sans autre forme de procès.

Une condamnation à mort déguisée

Le dernier espoir de Noori ? Un entretien de “crainte crédible”, ultime étape pour prouver qu’il risque sa vie en cas de renvoi. Mais l’entretien n’a toujours pas été programmé. Pire, une récente décision de la Cour suprême permet désormais aux autorités de renvoyer les migrants vers n’importe quel pays, même si ce n’est pas leur pays d’origine.

« À l’attention du président Trump, j’aime l’Amérique. J’avais un travail, une voiture, un compte bancaire. Qui va s’occuper de tout ça maintenant que je suis en prison ? », interpelle Noori, brisé.

Le Département de la Sécurité intérieure, de son côté, nie purement et simplement qu’il ait travaillé pour l’armée américaine, malgré des documents officiels fournis par ses avocats.

Des mensonges que dénoncent avec force les associations comme #AfghanEvac et de nombreux vétérans américains, outrés par ce qu’ils considèrent comme une trahison envers un frère d’armes.

Face à cette injustice, plus de 225 vétérans américains se sont engagés dans le programme “Battle Buddies” pour accompagner les anciens alliés afghans dans leurs démarches administratives et leurs audiences judiciaires.

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