Xlinks – Londres renonce à l’un des plus grands projets d’interconnexion énergétique du monde

— Londres abandonne soudainement le mégaprojet sous-marin Xlinks entre le Maroc et la Grande-Bretagne

C’est officiel, ce jeudi. Le gouvernement britannique vient de rejeter un projet titanesque de câble électrique sous-marin devant relier les énergies renouvelables du Maroc au réseau britannique.

Porté par la société Xlinks, ce projet de plus de vingt deux milliards de livres sterling devait alimenter jusqu’à 7 millions de foyers au Royaume-Uni.

Un projet géostratégique jugé trop risqué

Le secrétaire d’État à l’Énergie, Ed Miliband, a confirmé que Londres ne soutiendrait pas l’ambitieux corridor énergétique de 3 800 kilomètres reliant le Sahara marocain aux côtes du Devon.

Selon le gouvernement, le projet présente « des risques géopolitiques et de sécurité majeurs », notamment en raison de sa dépendance à une infrastructure étrangère stratégique.

Le ministère a également pointé un rapport coût-bénéfice défavorable, et l’absence de retombées industrielles directes sur le territoire britannique, selon Reuters

Prévu pour transporter jusqu’à 10,5 GW d’énergie verte (solaire et éolienne) depuis le sud du Maroc, le câble sous-marin Xlinks aurait constitué l’un des projets d’interconnexion énergétique les plus ambitieux au monde.

Le groupe Xlinks, soutenu notamment par Octopus Energy et TotalEnergies, ambitionnait de faire du Royaume-Uni un leader européen de l’importation d’énergies propres à grande échelle.

Réactions de Xlinks : “amère déception”

Sir Dave Lewis, président de Xlinks et ex-PDG de Tesco, s’est dit « profondément surpris et amèrement déçu » par cette décision. Il déplore un revirement stratégique de Londres, alors que le gouvernement précédent avait montré des signaux positifs envers le projet.

« Nous pensions faire partie de la solution énergétique durable du pays. Aujourd’hui, on nous ferme la porte sans alternative », a-t-il déclaré.

 Cap sur l’Allemagne ?

Face au refus britannique, Xlinks n’exclut pas de réorienter le projet vers d’autres marchés européens, à commencer par l’Allemagne, en quête de nouvelles sources d’approvisionnement post-nucléaire et post-charbon. Des discussions exploratoires seraient en cours, selon plusieurs sources proches du dossier.

Ce refus soulève des interrogations sur la viabilité d’autres projets de câbles intercontinentaux ou d’interconnexions massives, à l’heure où l’Europe cherche à diversifier ses sources d’énergie tout en atteignant ses objectifs climatiques.

Le rêve d’un corridor vert Afrique-Europe se heurte, pour l’instant, à des réalités politiques et industrielles complexes, affirme-t-on.

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