— Discours fort de la présidente du CNDH Maroc à la 3ᵉ Conférence du Réseau africain des Mécanismes de prévention de la torture
Prenant la parole à l’ouverture de la 3ᵉ Conférence du Réseau africain des Mécanismes nationaux de prévention de la torture, ce mercredi à Praia, au Cap-Vert, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Mme Amina Bouayach, a souligné que cette rencontre marque une nouvelle étape majeure dans la consolidation du Réseau africain, après Marrakech en 2023 et Le Cap en 2024.
« Trois conférences, trois jalons qui illustrent l’unité de notre continent – du Nord au Sud, d’Est en Ouest – et notre détermination commune à faire reculer la torture », a affirmé Mme Bouayach.
Elle a rappelé les étapes franchies en deux ans :
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La fondation du Réseau à Marrakech, autour de la Déclaration de Marrakech
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L’adoption des Statuts au Cap, dotant le Réseau d’une base juridique solide
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Et l’inauguration du Secrétariat à Rabat, en décembre 2024, sous la co-direction du CNDH Maroc et de la Commission sud-africaine des droits de l’Homme (SAHRC)
La technologie, un levier au service de la dignité
Dans son allocution, Mme Bouayach a insisté sur le thème de cette conférence : « Technologie et prévention de la torture », soulignant que les outils numériques peuvent apporter une plus-value significative aux visites préventives dans les lieux de privation de liberté.
Parmi les bénéfices évoqués :
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Une collecte de données plus fiable et plus systématique
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Une documentation audiovisuelle plus rigoureuse
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Une sécurisation renforcée des informations sensibles
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Une communication en temps réel entre les équipes et entre les mécanismes nationaux
Toutefois, la présidente du CNDH a mis en garde contre les dérives potentielles :
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Les inégalités d’accès aux équipements
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Le manque de ressources humaines qualifiées
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Les contraintes budgétaires persistantes
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Et surtout les enjeux éthiques, notamment la protection des données personnelles, la confidentialité, et le risque de déshumanisation des interactions
« La technologie ne doit être qu’un appui, jamais un substitut à l’action humaine du MNP. Elle doit rester au service de l’écoute, de la proximité et de l’observation directe », a souligné Mme Bouayach.
Lancement d’une plateforme numérique africaine
À cette occasion, Mme Bouayach a annoncé la mise en place d’une plateforme numérique sécurisée dédiée au Réseau africain, approuvée ce matin même par le Comité de pilotage.
Cette plateforme offrira :
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Un espace d’échange sécurisé
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Une messagerie interne
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Des fonctionnalités de visioconférence
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Et le partage de documents et de supports visuels
Elle sera soumise cet après-midi à l’Assemblée générale statutaire pour son adoption finale.
Un message d’unité et d’ambition pour l’Afrique
Mme Bouayach a rappelé que la prévention de la torture est un « horizon mouvant, semé d’obstacles mais riche d’opportunités », insistant sur la nécessité de :
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Consolider les structures du Réseau
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Affiner les stratégies
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Développer les compétences des MNP
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Et approfondir la coopération continentale
« Ensemble, nous démontrons que l’Afrique est capable de concevoir ses propres réponses, de forger ses propres outils et d’innover au service des droits fondamentaux », a déclaré Mme Bouayach.
Elle a conclu en adressant ses vifs remerciements à la Présidente de la Commission nationale des droits de l’Homme et de la citoyenneté du Cap-Vert, à ses équipes, aux points focaux du Maroc et d’Afrique du Sud, ainsi qu’au gouvernement du Cap-Vert, aux Nations unies, et à l’ensemble des partenaires qui soutiennent la dynamique du Réseau.
Son allocution s’est achevée sur un mot de solidarité en créole capverdien :
« Nu sta djuntu » – Nous sommes ensemble.
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