De nos jours, la paix se résume à une publication sur les réseaux sociaux. Sur Truth Social, la plateforme de Donald Trump, elle est apparue en deux temps.
La première publication disait : « FÉLICITATIONS MONDE, C’EST LE MOMENT DE LA PAIX. »
Ce n’était pas la Magna Carta*, mais bel et bien un traité de paix à l’ère numérique — un président américain annonçant qu’il n’y aurait pas de représailles après l’attaque iranienne à coups de missiles.
Un monde inquiet, scrutant le ciel iranien dans l’attente du retour des bombardiers américains, pouvait relâcher la pression — et le président des heures de grande écoute pouvait se sentir légitimé, ayant engrangé un succès stratégique.
Trump a modifié le paysage politique et militaire autour de l’Iran au profit des intérêts américains, sans qu’aucune vie américaine ne soit perdue.
Il avait présenté l’intervention américaine en Iran comme un moyen d’empêcher une guerre étrangère « sans fin », et non de la provoquer. Et le voilà confortablement installé, après les sombres prévisions selon lesquelles il serait entraîné dans un conflit.
Puis, toujours sur Truth Social, est venue la paix, « deuxième partie ».
Quelques heures après avoir annoncé l’absence de représailles, Trump a publié la suite : « Cessez-le-feu. »
Il a écrit : « FÉLICITATIONS À TOUS ! », affirmant qu’un cessez-le-feu « complet et total » avait été pleinement conclu entre Israël et l’Iran.
Quelle journée de résolution de crises pour celui qui s’autoproclame « artisan de paix en chef ». Et quelle journée de crises non résolues aussi — seul le temps nous dira la suite.
Israël et l’Iran hors scénario
Alors que des échéances cruciales approchaient, ni Israël ni l’Iran ne semblaient pleinement engagés dans le scénario de Trump, et de nouveaux missiles ont été tirés durant la nuit.
La journée à venir mettra à l’épreuve la durabilité de ce cessez-le-feu. Des motivations existent des deux côtés pour poursuivre un conflit dans lequel chacun considère l’autre comme une menace existentielle.
Téhéran peut-il vraiment voir en Donald Trump un médiateur de paix fiable, alors qu’il a évoqué l’idée d’un changement de régime en Iran, une ambition également poursuivie par Israël ?
Israël peut-il être convaincu de renoncer à son avantage militaire, alors que son instinct le pousse à renforcer sa supériorité et à saboter toute tentative de reconstruction iranienne ?
Trump face à ses alliés de l’OTAN
L’influence de Trump sera, comme toujours, mise à l’épreuve lorsqu’il se rendra aujourd’hui à un sommet de l’OTAN aux Pays-Bas. Ce public peut s’avérer difficile pour lui, et il y reste une énigme.
Un résultat positif au Moyen-Orient pourrait contribuer à satisfaire leur curiosité — et ce serait une bonne chose.
C’est la journée la plus importante pour Donald Trump… depuis la précédente.
Par James Matthews, correspondant aux États-Unis
* La Magna Carta (la Grande Charte) est un document historique fondamental signé en Angleterre par le roi Jean sans Terre en 1215, sous la pression de ses barons révoltés. Elle visait à limiter les pouvoirs du roi et à garantir certains droits aux nobles.