Prospective – L’intelligence artificielle redistribue les cartes : quels emplois survivront au Maroc ? » (Rapport)

Le Groupe thématique provisoire du Parlement marocain vient de publier en début de semaine un rapport 2025 sur les perspectives et l’impact de l’Intelligence Artificielle (IA) sur différents secteurs y compris le marché de l’emploi dans le royaume.

Au Maroc, comme dans d’autres pays, relève ce rapport, “l’adoption de l’IA par les entreprises, notamment les PME marocaines, pourrait également conduire à la création de nouveaux emplois” et non juste les remplacer, que ce soit directement ou dans les secteurs liés aux technologies de l’IA. Il s’agira donc d’une véritable reconfiguration du marché du travail, avec des opportunités pour renforcer l’inclusion professionnelle et soutenir les secteurs porteurs.

Les efforts déployés dans le domaine de la formation passent notamment par l’introduction de filières spécifiques en digitalisation et en IA, que ce soit dans les universités, les écoles d’ingénieurs ou les centres de formation professionnelle, visant à former une nouvelle génération de compétences marocaines, souligne la même source.

En plus de la formation, “il est essentiel d’accompagner ces jeunes pour faciliter leur intégration dans le marché du travail, notamment par des mesures de soutien aux porteurs de projets et aux idées innovantes dans ce domaine”, souligne la même source.

La stratégie nationale « Maroc Digital 2030 »

Dans ce contexte, la stratégie nationale « Maroc Digital 2030 » vise à créer plus de 240 000 emplois directs dans le secteur des technologies numériques à l’horizon 2030.

Pour y parvenir, il est prévu de former chaque année plus de 100 000 personnes, réparties entre :

  • 50 000 bénéficiaires de formation initiale,

  • 6 000 bénéficiaires de formation de reconversion,

  • 45 000 bénéficiaires de formation aux compétences numériques.

Cette stratégie a pour objectif de renforcer les compétences numériques à grande échelle et avec une qualité élevée, afin de répondre aux besoins du marché du travail. Cela passera par :

  • l’élaboration d’un référentiel unifié des compétences numériques avec la participation des secteurs public et privé,

  • la mise en place d’un système de suivi de l’offre et de la demande numérique sur le marché du travail,

  • l’augmentation du nombre de diplômés dans les domaines numériques,

  • l’adaptation des programmes de formation de base aux exigences du marché,

  • le renforcement des capacités des formateurs,

  • le soutien à la recherche scientifique et à l’innovation dans les programmes universitaires,

  • et l’amélioration de l’attractivité du Maroc pour les talents numériques internationaux.

Mesures adoptées pour accompagner les effets de l’IA sur le marché du travail au Maroc

Dans le domaine de la numérisation et de l’intelligence artificielle dans la formation professionnelle, on recense :

  • 403 filières de formation de base sanctionnée par un diplôme,

  • 20 filières de formation qualifiante,

  • 7 filières de baccalauréat professionnel,

  • 67 filières relevant du secteur privé,

  • soit au total 27298 stagiaires inscrits.

Plateformes numériques dans le secteur de l’emploi

L’adoption de l’intelligence artificielle dans des plateformes dédiées au secteur de l’emploi comprend, par exemple, la plateforme Marsad.ma, qui fournit des informations exclusives sur le marché du travail grâce à l’exploitation des big data et des algorithmes d’IA, offrant :

  • Un tableau de bord sur l’évolution de l’emploi dans le secteur organisé (en utilisant les données fournies par la CNSS), permettant d’identifier les secteurs émergents ou en déclin, de suivre les volumes d’emploi, les salaires, et les entreprises, ainsi qu’une analyse géographique interactive de la demande d’emploi.

  • Un tableau de bord des postes vacants (en agrégeant les données des sites d’offres d’emploi au Maroc), affichant les indicateurs de demande d’emploi (répartition des postes par secteur, compétences requises, répartition des offres selon l’expérience, etc.) et leur évolution.

  • Un tableau de bord sur les flux d’entrée sur le marché du travail (données de l’Université Mohammed VI Polytechnique), donnant une vision détaillée des flux entrants et des besoins futurs en formation.

  • Un assistant de comparaison des référentiels métiers et compétences, garantissant l’harmonisation entre les référentiels nationaux et internationaux (HCP, ESCO, O*NET).

Assistants numériques et soutien à l’entrepreneuriat

Des assistants numériques sont également prévus pour :

  • donner des conseils personnalisés afin d’améliorer les CV,

  • planifier les opportunités d’emploi compatibles avec les compétences des chercheurs d’emploi,

  • comparer les programmes de formation et préparer de nouvelles offres d’emploi.

La plateforme « Ana Mouqawil » utilise l’IA pour soutenir l’entrepreneuriat numérique au sein de l’Académie « Ana Mouqawil », en fournissant un accompagnement individualisé et synchrone, l’évaluation régulière des compétences des entrepreneurs grâce à des tests et des questionnaires, ainsi qu’un accompagnement asynchrone.

Conclusion

Globalement, les mesures prises — comme le renforcement des infrastructures, la facilitation de l’intermédiation sur le marché du travail, et la mise en place de plateformes pour créer des opportunités d’emplois innovantes, génératrices de revenus et à forte valeur ajoutée — visent à répondre aux nouveaux défis posés par l’intelligence artificielle. Cependant, une véritable valorisation de ces opportunités nécessite la mobilisation coordonnée de différents secteurs (enseignement supérieur, recherche scientifique, industrie), ainsi qu’un effort continu en formation et en reconversion pour permettre aux individus d’acquérir de nouvelles compétences techniques et de transformer les métiers. Le soutien à la recherche scientifique reste également crucial, notamment pour les PME.

Article19.ma