Ce dimanche 27 avril, et dixième et dernier jour des activités du SIEL, l’espace des publications a accueilli deux voix singulières de la scène littéraire : Abdessalam Boutayeb et Mohamed Zidan, dans une rencontre animée par le chercheur Abderrahni Aref.
Le romancier Abdessalam Boutayeb a ouvert la séance en présentant son nouveau roman Le Souffle de Dieu, deuxième opus après L’Arbre Gélatineux. Il y brosse le destin d’Ahmed, historien et expert en droits humains, qui se perd entre Paris et Amsterdam, frappé d’amnésie et dépouillé de son identité dans des circonstances énigmatiques.
Ce roman interroge l’identité éclatée, et explore les méandres du moi, de l’autre et du langage. L’architecture du récit se distingue par une alternance de chapitres numérotés — fil conducteur de l’intrigue — et de segments intitulés par des lettres, incarnant les monologues intérieurs du personnage, comme une mise en abyme narrative.
Œuvre dérangeante mais poignante, Le Souffle de Dieu invite à une méditation profonde sur l’oubli, la perte et la reconstruction de soi.
Écrire depuis l’ombre : Mohamed Zidan et la mémoire carcérale
La deuxième partie de la rencontre a donné la parole à l’écrivain et chercheur Mohamed Zidan, venu partager son témoignage à travers l’ouvrage Prisonniers marginalisés dans l’expérience de l’écriture. Un livre qui ouvre une brèche dans la littérature carcérale, en s’éloignant des figures emblématiques pour donner la parole aux invisibles.
Zidan y raconte les conditions éprouvantes de détention qu’il a vécues : surpopulation, dénuement, violence silencieuse. Pourtant, la cellule devient pour lui un atelier de création, un lieu de résistance par l’écriture.
Le livre rassemble des textes hybrides — entre poésie, dialecte populaire et prose — qui traduisent une douleur collective avec une langue simple, directe, mais intensément habitée par l’émotion et la sincérité.
L’expérience de l’arrestation, les attentes interminables, et la mémoire du corps emprisonné forment la trame d’un récit à la fois personnel et universel.
Entre douleur et vérité : une littérature sans fard
Entre les murs de la prison et les dérives de l’oubli, entre mémoire brisée et quête d’identité, cette rencontre a mis en lumière une littérature qui choisit la vérité plutôt que l’esthétique, et le témoignage plutôt que le silence. Une littérature qui, par la force du récit, transcende l’expérience du manque et de la marginalité.
Par Boutaina Taki