Ce dimanche 27 avril à Bouznika, à 35 minutes de Rabat, la messe était dite. Comme beaucoup s’y attendaient, Abdelilah Benkirane, figure emblématique du PJD, a été reconduit pour un troisième mandat à la tête du parti, lors du 9ᵉ congrès national.
Benkirane a triomphé de ses adversaires de manière écrasante, recueillant 994 voix sur 1402 votants, soit près de 70 % des suffrages exprimés.
Idriss Azami El Idrissi s’est placé en deuxième position avec 394 voix, tandis qu’Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants, n’a obtenu que 42 voix.
Une reconduction lourde de responsabilités
Cette reconduction survient dans un climat défavorable, où Benkirane devra non seulement restaurer l’image du parti sur la scène nationale, mais aussi repositionner le PJD face aux défis politiques actuels, tant au Maroc qu’à l’international.
Pour rappel, le Parti Justice et Développement (PJD), principale formation islamiste dite modérée du Maroc, traverse une période de turbulences depuis sa lourde défaite aux élections législatives de 2021.
Sur le plan international également, les mouvements islamistes connaissent un recul généralisé, confrontés à des défis politiques et sociaux majeurs.
Bio-Express
Né en 1954 à Rabat, Benkirane est considéré comme l’une des figures populistes de la scène politique marocaine contemporaine. Issu d’une famille originaire de Fès, il s’est d’abord intéressé très jeune à la pensée islamique et aux questions sociopolitiques. Après des études en physique à l’Université Mohammed V de Rabat, il s’oriente vers l’enseignement avant de s’engager pleinement dans l’action politique en rejoignant Ashabiba Al-Islamiya (Jeunesse Islamique – radicale) de Cheikh Abdelkrim Moutii dans les années 70.
Dans les années 1980, après avoir quitté Ashabiba, Benkirane participe activement à la transformation du Mouvement de la Réforme et du Renouveau, qui fusionnera plus tard avec le MPDC pour donner naissance au Parti de la Justice et du Développement (PJD). Progressivement, il s’impose comme un acteur clé au sein du parti, prônant une ligne islamiste modérée et compatible avec le système monarchique marocain. En 2008, il devient secrétaire général du PJD, un poste à partir duquel il prépare l’ascension électorale du parti.
À noter que Benkirane a été réélu pour un deuxième mandat à la tête du parti de La Lampe en 2012.
Après la vague des Printemps arabes, Benkirane conduit le PJD à la victoire lors des élections législatives de 2011. Il est alors nommé Chef du gouvernement par le roi Mohammed VI, devenant le premier leader islamiste à occuper ce poste dans l’histoire du Maroc.
Son mandat est marqué par des réformes économiques sensibles, des tensions sociales, mais aussi par un style politique direct et populaire qui continue de façonner son image, même après son départ du gouvernement en 2017.
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