À Marrakech, le ministre de la Justice a pris la parole, en cette fin de semaine, pour éclairer un auditoire, constitué d’une mosaïque de personnalités et de chercheurs, sur le débat en cours sur la réforme du Code pénal.
Verbatim :
« Je suis très heureux de vous avoir parmi nous. Marrakech est belle, son climat est agréable, et je suis sûr que vous l’apprécierez. Nous devons envisager d’organiser d’autres conférences ici, pour que vous reveniez en toute sécurité, car votre présence à nos côtés nous réjouit énormément.
On m’a préparé un discours officiel, écrit par l’administration, voire par le président lui-même. Mais pour me rebeller un peu contre lui, je ne lirai pas ce texte. Parlons librement des sujets qui nous concernent.
Au Maroc, nous menons une collaboration étroite entre le pouvoir judiciaire, le ministère public et d’autres institutions pour réviser nos procédures et textes pénaux. Nous avons réformé le Code de procédure pénale, introduit des peines alternatives, et entamé une révision du Code pénal, notamment en matière de délits financiers et de chèques. Nous repensons également le Code de la famille, bien qu’il sorte du champ strict du droit pénal, car certaines dispositions y sont liées.
Notre objectif est clair : une révision profonde des lois, car nous croyons que l’État doit régulièrement se réinventer pour rester en phase avec les évolutions sociales et les dynamiques internationales.
Nouveaux défis : droits humains et criminalité émergente
Nous avons ratifié 90 conventions bilatérales et négocions avec 90 autres pays. Cette ouverture internationale soulève des enjeux cruciaux. Il est temps, selon moi, que le monde arabe — ou islamique — engage un véritable tournant pénal, notamment par l’abolition de la peine de mort, afin de garantir l’intégrité physique des personnes.
Notre société évolue, s’ouvre sur le monde, et cela appelle à repenser notre comportement pénal et nos procédures judiciaires. Certaines catégories doivent bénéficier d’une protection renforcée : les enfants, les femmes, et plus largement toutes les personnes vulnérables, dans le respect de leur dignité et d’un procès équitable.
Les anciens textes légaux ne répondent plus aux réalités actuelles. Lorsqu’une loi ne suit plus la société, elle entre en collision avec elle, et l’État en perd son autorité. Il est donc urgent de revoir ces textes.
Un autre défi s’impose : l’émergence de nouvelles formes de criminalité — cybercriminalité, infractions liées à l’intelligence artificielle, ou encore celles associées aux réseaux sociaux. Ces dernières posent une question sensible : où placer la limite entre la liberté d’expression et l’abus de cette liberté pour nuire ?
Il est inquiétant de voir des personnes utiliser les réseaux sociaux depuis un pays pour s’en prendre à un autre, souvent ami. En tant qu’État, nous avons le devoir de protéger nos partenaires et leurs institutions. Il devient donc essentiel d’envisager un accord international sur ce sujet, avec audace et détermination. »
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