FOCUS – Trump envisage-t-il de déplacer ses troupes de Rota en Espagne vers le Maroc ?

Constat. L’administration Trump est marquée par une volonté affirmée de réduire la protection militaire offerte à l’Europe, considérée par Trump comme une région « freeloading » qui ne contribue pas assez à sa propre défense. Cette logique pousse Washington à envisager une diminution de sa présence militaire sur le continent.

+ Un contexte de tensions entre Trump et l’Europe +

Le Financial Times (FT), dans son édition du 16 avril, estime bien que la base navale de Rota soit stratégique (proximité du détroit de Gibraltar, protection contre les missiles balistiques), elle dépend fortement de la situation des relations politiques entre Washington et Madrid.

Le FT est un quotidien londonien influent qui fournit une analyse approfondie et des informations fiables sur le monde de la finance, de l’économie et des affaires internationales à un lectorat de professionnels et de décideurs à travers le globe.

Le journal couleur saumon a relevé les points suivant de friction entre Madrid et Washington :

  • Hostilité politique : Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, figure de la gauche européenne, a plusieurs fois contrarié Trump sur la politique étrangère.
  • Proximité avec la Chine : Sánchez a adopté des positions amicales envers Pékin, ce qui agace Washington.
  • Dépenses militaires faibles : L’Espagne reste l’un des pays de l’OTAN investissant le moins en défense.
  • Critiques envers Israël : Sánchez a dénoncé l’offensive israélienne à Gaza, s’opposant ainsi à des positions stratégiques américaines.

Par ailleurs, la base de Rota n’est pas totalement américaine : elle est officiellement espagnole et « utilisée conjointement » depuis 1953. Toute décision stratégique nécessite donc l’accord de Madrid, compliquant la liberté d’action américaine.

Rota abrite 2 800 soldats et cinq destroyers faisant partie d’un bouclier antimissile protégeant l’Europe. Mais les demandes répétées de Trump pour que l’Europe finance davantage sa propre défense suscitent de réelles inquiétudes : « des bases comme celle de Rota pourraient être réduites, voire fermées », souligne le journal.

+ L’attrait du Maroc comme alternative +

Le Maroc est vu par Trump comme un allié plus fiable :

  • Proximité stratégique : À quelques kilomètres du détroit de Gibraltar, le Maroc offre une position géographique similaire.
  • Alignement politique : Rabat a renforcé ses liens avec Washington sous Trump, notamment en normalisant ses relations avec Israël en 2020, et ce dans le cadre des accords Abraham.
  • Moins de risques politiques : Contrairement à l’Espagne, le Maroc n’impose pas de restrictions comparables et partage plus facilement les objectifs américains.

+ Un repositionnement mondial des priorités américaines +

La doctrine Trump privilégie un basculement de l’effort militaire vers l’Asie-Pacifique pour contrer la Chine. Moins d’investissements en Europe nécessitent des bases plus flexibles et stratégiquement fiables : le Maroc devient alors une option attractive pour maintenir une présence minimale en Méditerranée, conclua le Financial Times.

Il faut noter au passage que le Maroc abrite chaque année les exercices militaires « African Lion », le plus grand exercice militaire multinational en Afrique impliquant les États-Unis (avec le Maroc comme principal partenaire), et il est considéré comme l’un des plus vastes en termes de participation de pays, de complexité et de diversité des opérations (terre, air, mer).

Chaque année, il réunit :

  • des milliers de soldats,
  • plusieurs pays africains, européens, et américains,
  • des entraînements très variés (manœuvres terrestres, opérations maritimes, exercices aériens, interventions humanitaires…).

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