Opinion – La paix entre le Liban et Israël est-elle possible ?

Par Ornella Sukkar *


Le Liban traverse une phase d’extrême danger, et la complexité du paysage politique ne cesse de s’intensifier en raison de positions divergentes qui exigent un équilibre délicat. La position adoptée par Son Excellence le Commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, reflète un embarras évident entre la condamnation de deux camps opposés : le groupe soutenu par l’Iran d’une part, et le groupe de Sayyed al-Charia de l’autre.

J’ai déjà exprimé cette opinion lors d’une déclaration à Radio Al-Quds il y a une semaine, et je mesure pleinement la portée de mes propos. La situation au Liban est extrêmement grave, et ceux qui misent sur une amélioration des conditions se bercent d’illusions.

La cause fondamentale de cette impasse réside dans le déséquilibre des rapports de force à l’intérieur du pays, ainsi que dans les profondes divisions qui secouent la scène politique libanaise. Plus encore, le Hezbollah demeure une force centrale et influente, et il n’a pas disparu comme certains pourraient le croire.

Les évolutions régionales pourraient même le renforcer à nouveau, à moins qu’une véritable dissuasion ou une limitation de l’expansion israélienne dans la région ne soit mise en place. Quant à ceux qui pensent que le Liban se dirige vers une paix avec Israël, ils font une erreur d’analyse politique.

+ Le monde Arabe, dans sa dynamique actuelle, tend vers la normalisation avec Israël +

Aujourd’hui, Israël est bien plus puissant qu’en 1973, lorsqu’il a signé un traité de paix avec l’Égypte. À l’époque, son influence régionale était limitée, et son poids au sein des institutions américaines était faible. Or, aujourd’hui, Israël n’est pas seulement une puissance militaire et économique, mais aussi un acteur clé dans la prise de décision aux États-Unis et dans ses institutions politiques.

Contrairement aux décennies précédentes—1956, 1967 et 1973—le monde Arabe, dans sa dynamique actuelle, tend vers la normalisation avec Israël dans un bouleversement stratégique évident. Dans cette réalité, le contexte interne libanais ne permet pas la conclusion d’un traité de paix avec Israël, en raison des divisions profondes et de l’opposition forte à un tel processus. De plus, Israël n’a pas besoin de ce traité officiel, puisqu’il est déjà présent au Liban et y exerce une influence directe et indirecte.

En conclusion, le Liban ne dispose pas d’une position claire, se limitant à des déclarations timides qui ne dépassent pas le cadre de la forme. Il est probable que la situation actuelle perdure sous un certain équilibre relatif, avec toutefois des modifications potentielles sur les plans géographique et démographique, mais sans issue véritable à l’horizon.

* Ornella Sukkar : Journaliste Libanaise spécialisée dans les affaires Orientales et Islamiques et directrice du courrier Generation 21.

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