Par Ali Bouzerda
Le marché du poulet au Maroc connaît une série de fluctuations qui varient entre 20 et 29 DH/kg sur les marchés populaires, tandis que sur les supermarchés aux grandes enseignes qui poussent comme des champions, c’est une autre histoire… D’ailleurs, ce samedi 7 décembre : une tranche de chair du poulet coûte 100 DH et pas un centime de moins. “On se croirait à Paris?”, disait une dame au boucher d’un supermarché à Hay Riyad. “Non Madame, vous êtes bien à Rabat où le SMIG ne dépasse pas 3.120 dirhams, tandis qu’en France il est de 1.766 euros”.
“C’est incroyable…”, s’indigna la bonne dame en poussant son mini-chariot de course vers un autre rayon…
Il semblerait que cela est dû, selon des analystes de marché, à divers facteurs “structurels” et “conjoncturels”. La hausse des prix du poulet qui impacte la vie des ménages marocains, est attribuée à plusieurs éléments, notamment la demande croissante et les coûts élevés des “intrants”, affirment-ils.
En fait, ces derniers, à savoir les aliments composés (essentiellement le maïs et le soja) utilisés dans l’élevage ont vu leurs prix flamber, alors les cours sur les marchés des commodities, notamment Chicago Board of Trade (CBOT) ont récemment baissé.
Les producteurs et éleveurs réclament des interventions, notamment du Conseil de la Concurrence afin de pousser pour une régulation des prix des intrants et contrer “les ententes” entre les couvoirs.
Et voilà que le Conseil vient de rendre son verdict dans un communiqué qui est tombé, ce 6 décembre 2024, comme un couperet :
“Il y a lieu de noter que l’avis précité du Conseil de la concurrence, après avoir relevé la structure fortement concentrée du marché des aliments composés destinés au secteur avicole, a fait état de plusieurs dysfonctionnements concurrentiels que connaît ce marché ainsi que d’autres marchés connexes, particulièrement celui des poussins d’un jour ; ces deux intrants représentent près de 75% du prix de revient du poulet de chair et influent par conséquent sur son prix de vente.”
Sans entrer dans les détails, il faut rappeler que le marché des poulets peut être vu à la fois comme vital et de première nécessité. Les poulets ont un cycle de production plus court par rapport à d’autres animaux, ce qui permet une production plus rapide et efficace.
Dans son Avis n° A/3/24 du 26 Septembre 2024, sur l’état de la concurrence sur le marché des aliments composés au Maroc, le Conseil a relevé:
« Une demande atomisée face à une offre concentrée Au nombre de 7627 élevages de poulets de chair autorisés, de 900 élevages de dindes chair autorisés et de 252 élevages de poules pondeuses autorisés, en plus des accouveurs, au nombre d’une soixantaine d’unités, le secteur dépend de l’approvisionnement, en permanence, des provendiers, au nombre de 48, dont les 8 premiers opérateurs concentrent 75% des parts de marché. A noter que certains éleveurs sont dotés d’unités de fabrication d’aliment composé dédiées à satisfaire leurs besoins à titre exclusif. »
Il est indéniable que le poulet constitue une source majeure de protéines pour une grande partie de la population, notamment dans des pays comme le Maroc où les ménages à revenus modestes substituent souvent la viande de poulet à la viande rouge plus coûteuse.
Nombreux commerçant s’indignent de la hausse des prix du poulet et des viandes rouges, malgré une libéralisation partielle d’importation de ces dernières.
La question qui se pose : qui doit agir pour réguler ce marché des viandes – – sans parler des prix scandaleux du poisson dans un royaume qui bénéficie de 3.500 kms de côtes poissonneuses – – qui tangue comme un bateau ivre ?
À mon humble avis, la balle est dans le camp du chef de gouvernement Aziz Akhannouch, car le Conseil de la concurrence a fait son travail et continue à suivre ce dossier en toute neutralité et objectivité.
À bon entendeur salut !
Article19.ma